Le travail achevé, le jeune Ali rentre chez lui. «Mère, dit-il, qu'y a-t-il à manger ? — Il y a, dit la mère, ce que tu manges tous les soirs ! — Comment, demande-t-il étonné, nous n'avons pas reçu notre part de timechret ? — Hélas, dit la mère, on nous a oubliés ! Elle se met à pleurer. Sidi Ali, très déçu, se met, lui aussi, à pleurer. Il dit à sa mère : «Comment a-t-on pu nous oublier, la tradition n'exige-t-elle pas que, lors du sacrifice de timechret, chacun reçoive sa part ?» La mère soupire : «Hélas mon fils, qui va penser à une pauvre veuve et à un pauvre orphelin !» Cette réponse ne fait qu'augmenter le chagrin de l'enfant. C'est alors qu'un ange apparaît et lui dit — Qu'as-tu à pleurer comme ça ? — Voilà ce que les gens du village m'ont fait, répond l'enfant. — Va dehors, lui dit l'ange et frappe le sol de ton bâton ! Il sort et, au milieu des gens qui l'ont oublié, il frappe le sol de son bâton de berger. — Que la vache revienne comme elle était ! Le miracle se produit alors : les morceaux du bœuf de la timechret, qui ont déjà été distribués, quittent les maisons et se rassemblent pour former de nouveau une bête. Le bœuf surgit, bien vivant et mugissant. «Nous avons eu tort d'oublier Ali !», disent les villageois effrayés. On égorge de nouveau le bœuf et on le répartit entre les villageois, en n'oubliant pas, cette fois, de donner sa part à Ali.