InfoSoir : 25 enfants pour mille naissances vivantes meurent chaque année en Algérie. Un commentaire ? Le Pr Lebane : C'est un chiffre qui est en inadéquation avec les moyens mis en place par les pouvoirs publics. Les moyens matériels mis à la disposition des professionnels de la santé devraient ramener ce taux à des valeurs acceptables, soit 15,6 pour mille naissances vivante d'ici à 2015. On doit absolument descendre en dessous des 20 décès pour mille naissances. La mortalité infantile a connu des progrès notables en ce qui concerne essentiellement la période post-néonatale (1 à 12 mois). Ces progrès sont à mettre sur le compte de l'action conjuguée de l'amélioration du niveau socioéconomique, de l'alphabétisation, des mesures sanitaires telles que la vaccination et d'autres mesures. Cependant, on constate que de 1990 à 2008, nous n'avons gagné qu'un seul point par an. Ce qui est largement insuffisant. Si nous n'arrivons toujours pas à diminuer d'une manière plus conséquente cette mortalité c'est que quelque part, on «bute» sur un facteur limitant. Je veux parler de la mortalité néonatale. La mortalité du nouveau-né représente 80% de la mortalité infantile. Sa réduction dépend directement de la qualité des soins du couple mère/nouveau-né (facteurs endogènes). Qu'en est-il de la qualité des soins prodigués à cette catégorie d'une manière générale ? La qualité de la prise en charge de la pathologie néonatale est à l'échelle nationale très insuffisante. Elle reste tributaire de la formation. Il faut remédier à cette «entrave» car notre pays s'est résolument engagé à lutter contre la mortalité infantile. L'Algérie était parmi les 189 pays qui avaient adopté cette Déclaration en septembre 2000 à l'issue du Sommet du Millénaire qui a réuni les chefs d'Etat du monde entier à l'invitation du secrétaire général de l'ONU. Quels sont les points les plus urgents à prendre en charge pour atteindre l'objectif des 15,6 pour mille naissances en 2015 ? Il faut renforcer le programme national de périnatalité. Veiller à la conformité des structures dédiées à la néonatalogie telle que le stipule le décret 05-439 de 2005. Régionalisation des soins en matière de transfert médicalisé : Samu néonatal. Généralisation des soins par la méthode kangourou qui est pratiquée depuis avril 2004 au service de néonatalogie du CHU Mustapha. Cette méthode doit se développer. Elle a prouvé son efficacité. Parmi les 630 bébés ayant bénéficié de cette méthode, nous n'avons enregistré aucun décès, ni d'infection nosocomiale. On se demande d'ailleurs pourquoi elle n'est toujours pas généralisée. Outre les points cités précédemment, il y a lieu de promouvoir l'allaitement maternel. Et, bien sûr, la formation du personnel de santé concerné, ainsi qu'un programme spécial pour les 12 wilayas qui ont encore des scores de mortalité infantile trop élevé. *Chef de service de néonatalogie au CHU Mustapha-Pacha