Mal n Les médecins ayant parlé de nature et d'air pur, le roi donne l'ordre à ses ministres de chercher un endroit où la jeune fille pourrait s'épanouir… Il y a de cela plusieurs siècles, plus exactement au VIIe siècle, au temps où Tlemcen s'appelait Pomaria, un roi qui avait une fille. La fille, qui s'appelait Choumissa. était merveilleusement belle. Elle avait la peau satinée, de grands yeux bleus et une longue chevelure dorée, pareille aux blés qui poussaient dans les champs de Tlemcen…Si elle faisait le bonheur de son père, elle lui causait aussi beaucoup de chagrin, car la jeune fille était affectée de mélancolie. Il n'y avait plus de sourire sur ses lèvres, elle se nourrissait très peu, picorant comme un oiseau et elle ne parlait presque plus, elle ne faisait que soupirer et dépérissait… — Ma fille, ma fille disait le roi, les larmes aux yeux, de quoi souffres-tu ? — Père, répondait-elle, je n'ai mal nulle part ; — Les personnes chargées de te servir, le font-elles comme il te convient ? — Oui, père, ils sont attentifs à mes moindres désirs ! — Peut-être que le palais où tu résides n'est pas suffisamment grand ? — Il l'est, père ! et puis, à quoi me servirait un grand palais, Je ne me sens bien que dans ma chambre, où je puis penser et rêver… — Justement, je veux t'enlever à ta chambre, je veux que tu sortes et que tu t'amuses comme les jeunes filles de ton âge ! — Père, laisse-moi rêver et méditer ! Ces entretiens désolent le souverain qui ne sait comment faire pour guérir sa fille. A chaque fois qu'il entend parler d'un médecin ou d'un magicien réputé, il le fait venir au palais. — Tire ma fille de sa mélancolie, lui disait-il et je te couvrirai d'or ! Mais il suffit, au médecin ou au magicien de s'entretenir avec la jeune fille pour dire au roi : — Hélas, Votre Majesté, votre fille est atteinte d'un mal profond : elle guérira mais il faudra beaucoup de temps et de patience pour la tirer de cet état ! — Et quelle chose pourrait l'aider à guérir ? — Rapprochez-la de la nature, entourez-la de fleurs et d'oiseaux…La beauté des fleurs et celles des animaux pourraient l'émouvoir…Les médecins ayant parlé de nature et d'air pur pour redonner goût à la princesse, le roi donne l'ordre à ses ministres de chercher un endroit où la jeune fille pourrait s'épanouir… «Il faut que l'air y soit pur, il faut beaucoup de verdure, des sources, des rivières… De quoi procurer du repos et l'envie de profiter de la vie !» Les beaux endroits ne manquent pas dans le pays mais le choix se fixe sur un tertre où non seulement la nature est généreuse, mais où il souffle aussi, de façon presque continue, une douce brise marine, venant de la baie de Rachgoun… Le roi se rend sur les lieux : — Majesté, disent les ministres, c'est le meilleur endroit que nous ayons trouvé ! Le roi contemple le paysage. — Je suis sûr, dit-il, que ma fille se plaira dans cet endroit, il faut lui construire tout de suite un palais luxueux, pour elle et sa suite ! Des maçons, des charpentiers, et des décorateurs sont recrutés et, sans relâche, se mettent à construire le palais qui allait prendre le nom évocateur de Porte des Vents, «Bab al Riyâh». (à suivre...)