Histoires n Deux ouvrages viennent de paraître aux Editions Alpha ; deux romans : l'un ‘Le Naufrage' est de Mohamed Sari. L'autre ‘Les balcons de la mer du Nord' de Waciny Laâredj. Deux livres à lire pour l'été. Le livre de Laâredj raconte l'histoire de Yacine, un artiste, qui, en dépit de sa sensibilité créatrice et son goût pour l'esthétique, ne croit plus en rien. Il a perdu la foi en tout, même en l'amour, sentiment élémentaire de l'être humain. Un jour, il quitte son pays, l'Algérie, pour se rendre à Amsterdam. Il s'exile en terre étrangère en vue de retrouver ce qu'il a perdu dans son pays natal, un pays qu'il a fui, parce qu'il ne s'y sentait plus en sécurité. Il avait l'impression d'être traqué et craignait d'être victime d'une «embuscade» et assassiné. En quittant son pays pour un exil qu'il n'a pas choisi, Yacine ne laisse rien derrière lui : les gens qu'il aimait ont été tués ou se sont suicidés, et il se sent trahi et abandonné. Le roman raconte l'exil aussi bien physique que mental – et sentimental. Car à Amsterdam, Yacine va retrouver Fitna, la première femme qu'il a aimée auparavant mais qui, mystérieusement, a disparu. Amsterdam devient alors un lieu de rendez-vous pris vingt ans plus tôt. Le roman se veut aussi un lieu de rencontre : Yacine se lance dans une quête, celle de retrouver la femme qu'il a aimée et avec laquelle il semble vouloir se réinventer et par laquelle, il veut, à nouveau, exister et ce, dans un autre lieu, une nouvelle spatialité. Par son personnage, l'auteur investit un nouveau territoire, une géographie nouvelle tantôt physique, tantôt onirique et, dans l'une comme dans l'autre, inscrit sa trame et fait évoluer ses personnages dans un univers romanesque intime. Ce que l'on retient d'emblée de ce roman, c'est bien le travail mené d'une manière franche et détaillée par l'auteur sur la spatialité en vue de conférer du sens à l'exil du personnage, plus de caractère et de relief, c'est-à-dire plus de réalisme. ‘Le naufrage', de Mohamed Sari, s'accorde à raconter les petits faits qui marquent la société au quotidien. C'est ainsi que l'auteur, pour qui la société est un creuset de récits, tente, dans ce recueil de neuf nouvelles, de décrire le monde qui l'entoure et auquel il appartient. Une société avec ses maux, ses espoirs et ses désillusions. Chaque nouvelle aborde un sujet vivant et coloré, ayant du tempérament et de la personnalité. Dans ‘Méprise Fatale', l'auteur raconte le destin d'un attardé mental qui, victime de l'ignorance, du mépris et de la méchanceté des hommes, finit par perdre le peu de raison qui lui reste. Dans ‘Tentation d'outre-tombe', il est question de croyances et de superstitions. Le recueil se présente alors comme un miroir de la société, où celle-ci est dite dans sa diversité et son effervescence. Par le biais de chaque nouvelle, l'auteur confirme son talent de conteur. Ce sont des nouvelles écrites dans un style simple, limpide et compréhensible, ponctué et égayé par des phrases courtes formant ainsi un champ lexical harmonieux et savoureux. Chacune d'elles est claire dans le but de subjuguer le lecteur en lui donnant un certain goût à la lecture, à savoir rendre les histoires racontées attrayantes.