Se lever avant l'aube et aller pêcher dans des eaux sillonnées par la marine israélienne pour subvenir aux besoins de sa famille, c'est là le lot quotidien des pêcheurs de Gaza. Ce qui est moins commun, c'est quand la barque est barrée par de jeunes filles. Madeleine et Rim Koulab sont sans doute les deux seules pêcheuses de la bande de Gaza, un territoire palestinien sous contrôle des islamistes du Hamas où il est plutôt rare de voir des femmes se baigner dans la mer. Mais Madeleine, 16 ans, et sa petite sœur de 13 ans n'ont pas d'autre choix depuis que leur père a été frappé, il y a dix ans, de paralysie. Les trois kilos de sardines et de friture rapporteront six euros et serviront à nourrir les cinq membres de la famille Koulab jusqu'au lendemain. Les deux filles portent des jeans, des chemises à manches longues et ont la tête couverte d'un foulard, même pour nager, conformément aux codes vestimentaires stricts en vigueur à Gaza. Pour pouvoir continuer leurs études, elles ne pêchent que deux heures par jour, emportant avec elles dans un sac leur uniforme scolaire. Si Madeleine aime la mer, son rêve est d'être journaliste «pour raconter la vie de gens qui souffrent comme nous et qui n'ont vraiment pas eu de chance». La petite Rim avoue craindre les coups de semonce israéliens qui ont parfois blessé des pêcheurs. «J'ai peur parfois mais je n'ai pas honte devant mes camarades d'école puisque j'aide papa, ma famille, et que je soulage maman», confie-t-elle.