Batata, voilà un terrain qui rappelle le bon vieux temps. Situé à Haï El-Badr (ex-Lotissement Michel), derrière l?usine Michelin-Algérie, ce grand espace ouvert aux quatre vents, pleuré par les nostalgiques, est aujourd?hui fermé par des palissades. C?est l?entreprise algérienne chargée de réaliser le métro d?Alger qui a définitivement chassé, au début des années 1990, les jeunes des quartiers environnants qui prenaient pourtant un malin plaisir à y jouer du football. Caillouteux et donnant l?impression d?un espace lunaire, Batata fut incontestablement le plus grand terrain vague d?Alger et de ses régions environnantes avec ses six hectares, l?équivalent de six stades de cent mètres chacun. Ce qui impressionnait le plus à Batata, c?est le nombre de matches qui s?y déroulaient au même moment. Les riverains se rappellent aujourd?hui que plusieurs internationaux ont déjà visité, par le passé, ce «temple». Madjer, Assad, Merzekane, pour ne citer que les plus célèbres, y avaient fait quelques «exhibitions», montrant la voie à d?autres, qui apprenaient, en bas âge, le dur labeur de footballeur dans les spectaculaires tournois interquartiers, suivis par des centaines de jeunes, banderoles et écharpes au menu, comme dans un véritable championnat. Mais depuis l?intrusion du métro, un projet qui d?ailleurs n?est même pas sur les rails, ces jeunes n?ont plus où aller disputer, l?espace d?un après-midi, une belle partie de foot ou faire du jogging.