Soirées n A l'avènement du mois sacré, les femmes s'affairent aux préparatifs de rigueur. Les soirées ramadanesques alors sont organisées entre elles, et sont faites d'histoires et de contes des anciens autour de gâteaux et de thé... Une Targuie de la région de Ouargla, Minata, nous dit fièrement préserver à ce jour les traditions d'antan. «Pour sidna ramadan, nous avons 4 éléments principaux pour rompre le jeûne : inéli à base de graines sèches, ressemblant à des petites fèves sèches appelées (bechna) que nous réduisons en poudre pour en faire ensuite de la semoule (dchicha) de différents calibres. Cette poudre sera la base pour la préparation de la asida qu'on sert dans des plats profonds en bois, le gdahe (pluriel gadhane). Celle-ci est mixée avec du dhane et de la viande. Nous devons avoir aussi du lait, du thé, des dattes et du riz.» Et de préciser : «Le premier jour, on rompt le jeûne avec du lait et des dattes. On prend du thé juste après la prière du maghreb et ça dure jusqu'à minuit 1 h du matin. Notre plat principal durant tout le mois de ramadan est à base de riz (tafarate). C'est une sorte de bouillie mélangée à du lait et du sucre. Au shour, on se contente de lait et de dattes pour éviter les brûlures d'estomac.» Minata, maman de huit enfants, nous a informé que le ramadan est précédé du sacrifice d'une brebis ou d'une chèvre. «On écrase d'une part la viande et d'autre part le riz que l'on mélange pour obtenir labadja, une sorte de gâteaux qu'on offre à nos invités le jour de l'Aïd. Au repas, on continue à manger encore de la bechna très bonne pour la santé. Hommes et femmes ne mangent pas ensemble sauf s'il s'agit du mari ou du fils. «Nos femmes ne mangent jamais devant les hommes étrangers. Quand il arrive, l'homme se cache le visage avec son chèche (el hrème). Certains, selon elle, consomment d'autres préparations pour ramadan comme tarkit, inéli, oudi. C'est un produit naturel pour l'estomac et qui vous rassasie pour toute la journée. Outre le plat principal, on consomme beaucoup de viande et de foie généralement grillés à la braise juste après la prière du maghreb.» Son frère, Belhat, décrira avec précision les us de la région en matière culinaire : «Les Touareg préparent aussi de la téhéné qui est une sorte de toumina (la téhéné tartaya dasémide doudi) ou tout simplement tamenkit, préparée à base de semoule (éhéte-ésémide) en plus des dattes tahéyni. On la mange 1 jour sur 2 durant le ramadan ou bien la nuit. Un jour on consomme des dattes avec du lait et un autre jour tarkit.» La veille du 27e jour de ramadan, les Touareg égorgent une brebis ou une chèvre pour la sadaka. Minata ajoute que la matinée de l'Aïd, les enfants revêtent des tenues traditionnelles targuies. Les garçons mettent des bazanes et les filles des tiserghnèsse (voile ou hayek). Idem pour les hommes et les femmes. On fabrique nous-mêmes les bkhour à base d'une branche sèche d'un arbre du Sahara (ouddi) ainsi que nos propres beaux parfums (adhoutane) à base de plantes séchées (khoumra). On se pare de izerkane, nos bijoux...»