Au Maroc, c'est un atelier complet d'armes de chasse qui a été mis à jour. Les flèches, à deux pointes, pèsent jusqu'à 8 kg, c'est-à-dire vingt fois leur poids normal, ce qui suppose des arcs géants que seules des bras herculéens peuvent bander. Les outils retrouvés à Tan Kena, à l'est d'Illizi, dans la partie algérienne du Tassili, sont parmi les plus anciens du Sahara puisqu'ils remontent au paléolithique ancien. Il s'agit principalement de galets dont les tranchants ont été taillés sur une ou deux faces. «Beaucoup de ces pièces pèsent plusieurs kilogrammes chacune, écrit l'archéologue algérienne Malika Hachid, au point qu'une main humaine actuelle a du mal à les saisir et encore plus à les mettre en œuvre.» Les trois types d'hommes qui ont pu fabriquer ces armes, l'homo habilis, l'homo rudolfensis et l'homo ergaster, ne mesuraient chacun que 1,20m et 1,50m, et aussi 1,75m, tailles qui les disposaient très peu au maniement d'outils aussi lourds. Des bifaces et des hachereaux, aussi grands et pesants, ont été retrouvés dans d'autres sites du Sahara. M. Hachid s'interroge non sans humour : «Quel était donc l'homme de Tan Kena qui pouvait tailler et manier des outils aussi lourds et inconfortables ? Quel était donc ce Yeti, de la préhistoire saharienne ?» Sans doute, une espèce de géant qui, comme partout ailleurs, a essaimé sur la terre, avant de disparaître, laissant ici des traces de son outillage et de son habitat. Là, des souvenirs conservés dans les contes, les mythes et les légendes.