Equité Face au rouleau compresseur électoral du candidat-président les autres candidats crient à l?injustice dans l?utilisation des moyens de l?Etat. A moins d?une dizaine de jours du démarrage de la campagne électorale pour la présidentielle du mois prochain, et sans avoir en main les chiffres d?un quelconque sondage de l?opinion publique nationale, on peut, sans aucune hésitation, dire que le président-candidat a déjà quelques longueurs d?avance sur ses principaux concurrents. C?est que l?actuel locataire de la présidence a entamé, il y a plusieurs semaines déjà, si ce n?est depuis des mois, sa propre campagne pour cette compétition politique. Et, il y a mis les moyens nécessaires qui sont autant d?atouts pour lui pour neutraliser ses rivaux et adversaires dans la rude bataille qui s?annonce. Est-ce juste, est-ce équitable pour les autres candidats à la magistrature suprême qui se voient ainsi «laminés» en termes de moyens avant même le coup de strarter ? Lors du passage à l?émission Forum de la télévision de Mohamed Bédjaoui, président du Conseil constitutionnel, censé veiller à la conformité de la loi électorale par rapport à la loi fondamentale du pays, cette situation a été soulevée dans tous ses volets par les gens de la presse. L?éminent juriste, qui a été à la tête de la justice internationale pendant plusieurs années, a reconnu qu?il y avait là un vide juridique et ce qu?il a appelé un cas de «dédoublement fonctionnel» que la Constitution n?avait pas prévu. Cela concerne en premier lieu l?utilisation dite «abusive» des médias publics qui semblaient, jusqu?à présent, verrouillés pour les autres candidats. Par cette utilisation effrénée des moyens de l?Etat par un des candidats au détriment des autres, on se retrouve de fait dans une situation où un véritable rouleau compresseur est actionné ne laissant rien après son passage. Autrement dit, les analystes de la scène politique algérienne ont tout à fait raison lorsqu?ils se demandent : que reste-t-il aux autres candidats ? Question encore plus fondamentale : cette stratégie de «la victoire éclair» du camp présidentiel qui met hors jeu, dès le départ, tous les autres candidats, si ce n?est pour servir de lièvres ou de faire-valoir de crédibilité n?est-elle pas mortelle pour l?avenir de la démocratie et du pluralisme politique en Algérie ? La manière avec laquelle aura lieu la campagne électorale et les résultats du scrutin donneront des indices sur les conséquences immédiates de cette conception toute algérienne des joutes électorales.