Résumé de la 25e partie n Richard Baker attend d'être reçu. Il se souvient qu'il a rencontré en Perse Mr Clayton, aujourd'hui consul général à Bassorah… C'était dans l'air. Et l'impression n'était pas absolument neuve pour lui, Il l'avait déjà éprouvée, notamment pendant la guerre, un jour qu'il avait été parachuté, à l'aube, en terrain ennemi.. Il se rappela. Ce qu'il sentait, c'était l'odeur de la peur... Quelqu'un dans cette petite pièce avait peur. Terriblement peur... Il regarda ses voisins : un Arabe, qui portait une tunique kaki dépenaillée et qui faisait couler entre ses doigts les perles d'ambre d'un collier ; un Anglais au visage rubicond et à la grosse moustache blanche et qui jetait des chiffres sur un petit calepin, un représentant de commerce sans aucun doute ; un homme à la peau très brune, qui semblait recru de fatigue et paraissait tout heureux de bénéficier d'un siège confortable ; un autre, qui devait être un scribe irakien, et enfin un Persan d'un certain âge, dans une robe d'un blanc de neige. Aucun d'eux n'avait l'air de s'occuper de lui. L'Arabe égrenait toujours ses perles d'ambre. Elles tombaient une à une entre ses doigts, et soudain Richard eut le sentiment très net que le bruit qu'elles faisaient lui rappeler quelque chose. Un trait... un trait... un point... Aucun doute ! C'était du morse. L'alphabet lui était familier, il l'avait assez pratiqué pendant la guerre quand il était dans les transmissions. Il pouvait encore lire au son. HIBOU. F-L-O-R-E-A-T-E-T-O-N-A. La devise d'Eton ! Floreat Etona ! Qu'est-ce que cette histoire-là ? La devise d'Eton épelée par un Arabe en loques ! Et il continuait ! HIBOU. ETON. HIBOU : Le Hibou ! C'était le surnom qu'on lui donnait à Eton parce qu'il portait de grosses lunettes. Il regarda mieux l'Arabe. L'homme était pareil à des centaines d'autres qu'on rencontrait dans les souks et sur les quais du port. Ses yeux restaient fixés droit devant lui. Rien ne semblait indiquer qu'il connaît Baker. Or, les perles d'ambre continuaient à cliqueter. Ici, le Fakir. Je compte sur toi. Bagarre ! Le fakir ? Quel fakir ? Mais, bien sûr, le fakir Carmichaël qu'on appelait comme ça parce qu'il était né ou qu'il avait vécu à l'autre bout de la terre, au Turkestan ou en Afghanistan ! Richard tira sa pipe de sa poche, souffla dedans, examina le fourneau, puis le frappa délicatement à plusieurs reprises sur un cendrier. — Message reçu. Les événements qui suivirent furent extrêmement rapides et par la suite Richard eut quelque peine à se les rappeler dans le détail. L'Arabe se leva, se dirigeant vers la porte. Passant devant Richard, il fit un faux pas, faillit tomber et s'accrocha à Richard pour éviter la chute. Après quoi, s'étant excusé d'un mot, il se remit en route. Au même instant, le gros représentant de commerce lâcha son calepin et porta vivement la main à la poche intérieure de son veston. Sa corpulence ayant nui à la rapidité de ses mouvements, Richard eut le temps d'intervenir. (à suivre...)