Constat n La filière avicole est en crise pour de multiples raisons, notamment à cause de la flambée des prix du soja et du maïs aussi bien sur le marché national que mondial. Interrogé ce matin, lors de son passage sur les ondes de la Radio Chaîne III, sur le prix du poulet, qui a, rappelle-t-on, connu une flambée vertigineuse durant le mois de ramadan, le président du Conseil interprofessionnel de la filière avicole, Mohamed Aidouni, a indiqué qu'il est actuellement entre 220 et 280 DA/kg. «Ce prix est raisonnable. Toutefois, il ne devrait pas aller au-delà, comme ce fut le cas pendant le ramadan. Notre comité souhaite maintenir ce prix durant toute l'année», a-t-il fait savoir. «Il ne faudrait pas que le prix baisse en dessous du prix de revient et il ne faudrait pas, non plus, que les spéculateurs et les éleveurs profitent de certaines situations», note-t-il. La politique du comité consiste à réguler le marché à longueur d'année et à impliquer tous les acteurs de la profession pour permettre la continuité de l'activité et assurer une marge bénéficiaire constante durant toute l'année à l'éleveur. A la question de savoir si la filière est otage de part et d'autre de phénomènes de spéculation à la fois des éleveurs qui ne veulent pas vendre à perte et qui, par conséquent, menacent d'incinérer les poussins et des spéculateurs qui importent des aliments à des prix «raisonnables», mais qu'ils revendent à des prix très élevés avant même qu'il n'y ait de flambée de ces produits sur les marchés internationaux, M. Aidouni a répondu par l'affirmative. «Je pense que oui. Malheureusement, la filière avicole n'est pas une filière comme les autres. Pour produire des poussins, il faudrait tout d'abord importer les poules productrices qui coûtent cher, en plus des aliments notamment le soja et le maïs dont les prix ont connu une flambée ces dernières semaines. Les aliments de bétail sont détenus à hauteur de 70% par des importateurs privés. «C'est là que réside le problème. Normalement l'augmentation des prix des matières premières ne devrait pas avoir lieu immédiatement, car la réception du produit d'aujourd'hui provient d'une commande qui remonte à trois mois. Donc, cette augmentation n'a pas sa raison d'être», a expliqué M. Aidouni. Cette situation, (flambée des prix) a découragé et désintéressé les éleveurs qui risquent de vendre à perte. Une mévente de poussins risque, par ailleurs, de conduire à leur incinération, ce qui ne règle pas le problème, mais l'aggrave davantage. C'est ce qui a provoqué la crise qu'a connue cette filière en 2007. Pour éviter d'en arriver là, M. Aidouni suggère de contrôler les facteurs de production et d'instaurer une politique d'introduction de cheptel pour éviter des surplus de production. Abordant la vente à perte des œufs de consommation depuis six mois, M. Aidouni a indiqué que l'Algérie produit environ 3 milliards d'œufs par an. Cette vente à perte résulte, selon lui, de l'équation offre et demande. «Actuellement, il y a beaucoup plus d'offre que de demande. Cette situation résulte également de l'absence du contrôle des facteurs de production en amont», explique-t-il. «Il faudrait que les importations de poules pondeuses soient contrôlées de façon à pouvoir éviter des surproductions», a-t-il conclu.