Résumé de la 38e partie n Sir Rupert doit quitter l'ambassade sans se faire remarquer et Shrivenham doit lui retenir une chambre au Tio Hotel… Une poussière jaune et chaude, un air irrespirable, des rues bruyantes et encombrées, Victoria ne retint guère que cela de son premier contact avec Bagdad. Son impression était nettement défavorable et c'est toute déçue et un peu étourdie qu'elle arriva au Tio Hotel. Mrs Clipp fut saluée sur le seuil de l'établissement par le directeur-propriétaire en personne. Encore jeune, mais déjà pourvu d'un ventre avantageux, Marcus Tio avait la parole abondante et cordiale. — Bonjour, madame Clipp ! Quelle joie pour nous de vous revoir !... Mais qu'est-ce que vous avez au bras ?... Vous êtes arrivée par une bien vilaine journée. J'ai cru que cet appareil ne se poserait jamais... et, une fois encore, je me suis promis de ne jamais voyager en avion. Pourquoi se hâter ? Un peu plus tôt, un peu plus tard... Mais vous êtes accompagnée par une charmante jeune femme... Nous sommes toujours contents de voir à Bagdad de jolies personnes que nous ne connaissons pas encore ! Comment se fait-il que Mr Harrison ne soit pas venu vous attendre ? Je pensais qu'il nous arriverait dès hier... Vous permettez que je vous offre quelque chose ? Victoria dut, sur l'instance de Marcus, se résigner à absorber un double whisky, et elle ne savait plus très bien où elle en était quand elle gagna sa chambre, une pièce très haute aux murs blanchis à la chaux, assez curieusement meublée d'un lit métallique, d'une table «modern-style», d'une vénérable armoire victorienne et de deux fauteuils en peluche. Son maigre bagage posé au milieu de la chambre, Victoria commença, tandis que le valet lui préparait un bain – il l'avait loyalement avertie qu'il en avait pour une demi-heure –, par se regarder dans la glace. La poussière de Bagdad avait transformé sa chevelure qui tirait maintenant sur le roux. Elle alla s'accouder au balcon. A ses pieds, elle devina le Tigre, caché par une espèce de brume jaunâtre. — Fichu pays ! murmura-t-elle. Et, broyant du noir, elle s'allongea sur le lit. A la fin de l'après-midi, réconfortée par un bain, un lunch agréable et une bonne sieste, Victoria retourna sur son balcon. La tourmente de sable avait pris fin et le Tigre baignait dans une jolie lumière claire. Au-delà du fleuve, on apercevait des maisons perdues dans un paysage de palmiers. Entendant parler dans le jardin qui se trouvait sous sa fenêtre, Victoria tendit l'oreille. Elle reconnut la voix de Mrs Hamilton Clipp, et regardant elle constata que l'incorrigible bavarde avait déjà trouvé une partenaire en la personne d'une de ces Anglaises sans âge qu'on est toujours sûr de rencontrer où qu'on aille, quand on voyage à l'étranger. — Ce que je serais devenue sans elle, disait Mrs Clipp, je n'en sais rien ! C'est la jeune fille la plus gentille que je con-naisse. Elle est d'ailleurs d'excellente famille. Son oncle est l'évêque de Liangow. (à suivre...)