Les unités de dépistage et de suivi scolaires (UDS) continuent leurs sorties dans les établissements d'enseignement du pays avec des moyens plus ou moins suffisants et efficaces pour assurer un maximum de couverture sanitaire. Un travail essentiellement préventif, le curatif étant laissé aux structures de santé de base (salles de soins, polycliniques…). «Les UDS ne viennent pas se substituer aux structures de santé déjà existantes», tient à souligner le Dr Adjeb Tayeb Zoubir, sous-directeur de la prévention en milieux éducatif et universitaire au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Activités purement préventives Force est de reconnaître donc une nette amélioration en matière de dépistage scolaire depuis notamment la réorganisation de la santé scolaire en 1994. Ce qui n'est pas le cas en ce qui concerne le contrôle d'hygiène et de salubrité dans les établissements scolaires (cantines mal entretenues, absence de chauffage…). Aussi de nombreux parents d'élèves estiment-ils nécessaire de renforcer la présence de ces UDS dans les établissements scolaires de façon à ce qu'il y ait un médecin ou du moins une infirmerie dans chaque école. Ce qui n'est pas évident aux yeux des responsables du département de la santé. «Il n'est pas nécessaire d'avoir une UDS pour chaque établissement scolaire, ni d'ailleurs un médecin ou une infirmière ou un psychologue. Lorsque les enfants présentent des problèmes de santé, nos médecins et nos paramédicaux dans les salles de soins et les polycliniques qui se trouvent non loin des établissements scolaires s'en occupent. Les UDS ne viennent pas se substituer aux structures de santé existantes», insiste encore le Dr Adjeb. Les derniers chiffres du département de la Santé donnent un nombre total de 1 525 UDS, dont 1 164 sont implantées dans des établissements scolaires, 341 dans des structures de santé et 20 dans des locaux dégagés par les collectivités locales. Ces UDS sont composées de 1 810 médecins, 1 524 chirurgiens-dentistes, 520 psychologues et 2 337 paramédicaux. Le Dr Adjeb juge le nombre suffisant pour assurer les activités purement préventives des UDS dans les établissements scolaires, une UDS pour un effectif de 6 000 à 8 000 élèves. Jusqu'à il y a moins d'une année, seules les classes de 1re et 2ème année primaire, 1re année moyenne et 1re année secondaire faisaient l'objet de visites médicales systématiques de dépistage. Cette année, le ministère de la Santé a décidé d'assurer ces visites médicales pour l'ensemble des élèves de la 1re année primaire à la 3ème année secondaire dont ceux des établissements privés agréés par l'Etat et les écoles coraniques. Une décision entrant notamment dans le cadre de la lutte contre les maladies chroniques qui touchent de plus en plus de populations jeunes en Algérie. Autre nouveauté pour cette année, un carnet de santé est attribué à chaque élève scolarisé pour que toutes les observations en relation avec ses problèmes de santé y soient enregistrées. L'enfant est tenu de présenter son carnet chaque fois qu'il se rend dans une structure de santé. Pédiculose et gale Encore des victimes de pédiculose et de gale ! Certes, le nombre est très réduit par rapport à ce qu'il était par le passé mais les deux affections sont là pour rappeler la persistance de poches de pauvreté dans différents endroits du pays, avec tout ce que cela induit comme dégradation du cadre de vie, insalubrité, insécurité… et insuffisance de prise en charge sanitaire. En effet, révèle le bilan de la santé scolaire de l'année 2007-2008, les affections qui dominent en milieu scolaire sont la baisse de l'acuité visuelle (3,32%), l'absence de cicatrice de BCG (3,17%), les difficultés scolaires (1,72%), l'énurésie (1,34%), le souffle cardiaque (0,94%), le strabisme (0,60%), l'oxyurose (0,46%) mais aussi la pédiculose avec 0,61% et la gale avec 0,22%. Concernant ces deux maladies, le Dr Adjeb assure que les enfants qui en sont atteints ne sont pas seulement dépistés mais ils sont aussi traités par les équipes des UDS. Le traitement leur est remis gratuitement ainsi qu'à leurs frères et sœurs. Autre problème de santé qui touche souvent les enfants, les caries dentaires. Pour y faire face, un programme national de santé bucco-dentaire est mis en place depuis des années, avec des améliorations à partir de l'année 2002 où il a été décidé de distribuer aux enfants des comprimés de fluorure de sodium. Ainsi, devrions-nous le rappeler, «le programme fluor» qui ciblait essentiellement les élèves du primaire consiste en l'administration quotidienne d'un comprimé de fluorure de sodium que les élèves avalent directement. Cette année, le département de la Santé a décidé d'élargir l'opération aux élèves du moyen et du secondaire, avec cette différence que l'élève n'avale pas le comprimé mais le dilue dans un verre d'eau qu'il utilise en bain de bouche le soir après le dernier brossage. Pour ce qui est du trachome, qui affecte majoritairement les enfants des wilayas du Sud, le responsable de la santé scolaire assure que la campagne de prévention se poursuit à un rythme soutenu, avec l'application de la pommade ophtalmologique à tous les élèves de la 1re année primaire à la 4ème année moyenne à partir du mois d'octobre jusqu'au mois de mars de l'année suivante. L'hygiène scolaire : les anomalies persistent Des parents d'élèves de plusieurs établissements scolaires du pays sortent dans la rue pour dénoncer les mauvaises conditions d'accueil de leurs enfants. Les parents s'élèvent contre l'absence de chauffage dans les salles de classe, les vitres cassées, les portes qui ferment mal… et d'autres problèmes qui empêchent les enfants de se concentrer sur les études. Sans compter le manque d'hygiène dans certaines cantines scolaires où les employés effectuent un travail à la chaîne avec les moyens du bord. Et dire que de grandes sommes d'argent sont débloquées, ces dernières années, par le ministère de l'Education nationale pour mettre de l'ordre dans ces cantines et améliorer la qualité des repas ! «Seulement 34% des anomalies relevées ont été corrigées», révèle le Dr Adjeb. Un constat des plus amers qui risque d'avoir de lourdes conséquences sur la santé des élèves et leur rendement scolaire. Qui en est responsable ? Le ministère de l'Education nationale ou les collectivités locales ? Les deux parties en sont responsables. Toutes les deux sont appelées à se pencher sur ces problèmes et prendre les mesures à même d'y remédier. «Je lance un appel aux secteurs concernés pour corriger les anomalies constatées par nos unités de dépistage et de suivi scolaires», demande-t-il. Tout le monde doit y mettre du sien. C'est un investissement à long terme pour cet enfant qui sera l'homme de demain mais aussi pour toute l'économie du pays (moins de maladies, moins de dépenses dans les médicaments…). K. M.