Histoire n «Les archives étaient remises tous les trois mois au GPRA», a affirmé, hier, Ali Haroun. Le président de la Fédération de France du FLN et membre du CNRA qui intervenait lors d'une conférence débat, organisée à l'occasion de la Journée nationale de l'émigration, a souligné que chaque comité de la Fédération de France FLN remettait son rapport à cette époque. La première partie des archives était ensuite transférée à Tunis. «Tout a été relié et classé lors de la crise en 1962 et j'ignore l'emplacement actuel de ces archives censées être acheminées vers l'Algérie.» Pour la deuxième série des archives, «au moins 300 kg ont été remis par la fédération au directeur des archives, M. Badjadja à l'époque. Tout a été classé ensuite à l'ambassade d'Algérie en France, puis transféré en Algérie». Ali Haroun est ensuite revenu sur la contribution des militants français, notamment les avocats, les scientifiques et les intellectuels et a apporté son témoignage sur l'apport dont a bénéficié la révolution à partir de l'étranger. Il évoquera le réseau Curien ayant à charge le transfert de l'argent clandestinement de la France vers l'extérieur. «80 avocats français ont aidé les militants algériens et ont plaidé pour eux, surtout lorsqu' il s'agissait d'une peine de mort». Il citera ensuite l'avocat Sciano qui a été suspecté par les autorités françaises et qui a fini par être emprisonné à côté de la cellule de son client. Il a également évoqué les trois femmes qui ont transporté des quantités d'armes entre l'Allemagne et la France, le réseau de jeunes résistants français qui ont déserté l'armée française et enfin de la déclaration des 121, où un groupe d'intellectuels a approuvé le choix des jeunes Français qui ont refusé de porter leurs armes contre l'Algérie. Revenant au bilan macabre du massacre, il fera état de 400 victimes disparues dont 200 ont été repêchées dans la Seine. «200 Algériens ont été assommés et jetés dans la Seine». «Ce chiffre est loin de refléter la réalité, je dirais plutôt plus de 200 morts.» Il évoquera également 11 000 détenus, entre le 1er et le 2e jour des manifestations du 17 Octobre 1961 dans la capitale française. 511 femmes et enfants qui ont manifesté ont été arrêtés. De nombreux militants ont été renvoyés dans des camps en Algérie puis ont été libérés après l'indépendance. «Nous avons comptabilisé 9 500 morts au combat, un bon nombre de militants ont été massacrés par les services de répression menés par l'administration coloniale. En tout, il s'agit globalement d'environ 10 000 personnes de la fédération qui ont péri». A une question de savoir si les cotisations de la Fédération de France du FLN constituent une bonne source de financement pour la Guerre de Libération, Ali Haroun dira :«La guerre d'Algérie a été financée par ses propres enfants. Sans ces cotisations, la guerre aurait continué, une année ou deux, peut être plus, mais, sans doute, elle aurait abouti à l'indépendance.» Néanmoins, dira-t-il, la fédération a contribué à hauteur de 80% au budget du GPRA. «La Révolution algérienne est merveilleuse, c'est une véritable épopée, mais, nous avons pris un mauvais départ,nous n'avons pas continué sur le même élan à partir de 1962.»