Précarité n «Les Algériens ne sont pas des citoyens mais des ressortissants», a estimé Mustapha Bouchachi, président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme (Laddh) en décrivant la situation actuelle des droits de l'homme en Algérie. Lors d'une conférence de presse organisée hier, samedi, au siège de la ligue, maître Bouchachi n'a pas lésiné sur les mots pour démontrer la dégradation des droits de l'homme dans notre pays. Il a ainsi contredit les assurances de Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH). Ce dernier s'était félicité, lors d'une récente sortie, des avancées réalisées par l'Algérie en matière de droits de l'homme. «Ceux qui prétendent que les droits de l'homme en Algérie se portent bien ont tort», avait-il affirmé. «Quand on est dans l'Etat, avec le budget de l'Etat, on ne peut être un militant des droits de l'homme. Ksentini est chargé de l'administration auprès des droits de l'homme», dira pour sa part maître Ali Yahia Abdenour. Ce dernier enchaînera pour dire que «les droits de l'homme c'est en dehors de l'Etat et en face de l'Etat». Les droits de l'homme tels que vécus par le citoyen algérien sont en perpétuelle dégradation, selon M. Bouchachi. Il citera, à titre d'exemple, la réduction du droit aux rassemblements. La rigueur dans le contrôle des rassemblements est démontrée, selon lui, par la soumission de tous les restaurants rahma durant le mois de ramadan à des autorisations d'ouverture. Il citera encore les bouchons infernaux à l'entrée de la capitale. Selon lui, ces derniers ne servent à rien, sinon à enclaver les citoyens qui ne sont même pas soumis à un réel contrôle au niveau des barrages, à l'origine de ces bouchons. «Même dans des pays en pleine guerre, à l'exemple de l'Irak, les populations ne sont pas soumises à de telles procédures», a souligné le conférencier. Ce dernier n'a pas manqué de dénoncer par la même occasion le fait que le citoyen ne soit pas considéré, voire concerté dans la prise des décisions le concernant. «Le système établit un budget financier complémentaire, alors que même nos députés au Parlement ignorent comment cela est fait», a-t-il déclaré dans ce cadre. Maître Ali Yahia Abdenour a, pour sa part, signalé que l'Etat d'urgence «conditionne la liberté du champ médiatique et politique». D'ailleurs, selon le président de cette ligue, cette situation persiste sans justificatif juridique ou constitutionnel. S'agissant de l'invitation lancée par le gouvernement aux ONG afin qu'elles effectuent leurs enquêtes en Algérie, l'orateur a estimé que cette démarche vise à dérouter l'opinion publique nationale et internationale sur les véritables enjeux et violations qui ont lieu contre les droits les plus élémentaires.