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Une ville, une histoire
Si l'Algérie m'était contée (75e partie)
Publié dans Info Soir le 31 - 10 - 2010

Remariage n Le temps passe et, un jour, une parente rend visite à la famille. Elle s'étonne que le père ne se soit pas remarié.
Autrefois, il y a de cela longtemps, un père vivait avec ses six filles. Il avait perdu sa femme et il s'était promis de ne pas se remarier. Après tout, il avait six filles qui pouvaient s'occuper de la maison, faire le ménage et préparer les repas. Les filles étaient intelligentes, à l'exception de la dernière qui était naïve. Elle comprenait difficilement ce qu'on lui disait et quand elle pensait avoir compris, elle faisait les choses de travers. Mais ses sœurs l'aimaient bien et elles faisaient tout pour lui faire prendre conscience de sa situation.
Le père était bûcheron. Dès le matin, il partait dans les bois, pour ne rentrer que tard, à la tombée de la nuit. Les filles s'empressaient de le servir.
—Père, tu es fatigué…
Une fille s'empresse de lui enlever ses chaussures, une autre ramène une écuelle d'eau et le lave.
—Père, tu dois avoir faim…
Alors elles lui apportent ce qu'elles ont préparé.
—Et vous, demande-t-il, vous ne mangez pas ?
Elles répondent en chœur :
—Nous mangerons quand tu seras rassasié !
Le père est satisfait : ses filles le servent comme il faut, oui, il n'a pas besoin de se remarier ! Mais le temps passe et un jour, une parente rend visite à la famille. Elle s'étonne que le père ne se soit pas remarié.
—Pour quoi me remarier ? demande-t-il.
—Il te faut quelqu'un pour s'occuper de toi !
Le père répond fièrement.
—Il y a les petites !
—Les petites, mais elles ne peuvent pas tout faire !
Le père répond encore :
—Si, elles font tout !
—Elles sont encore jeunes !
— Elles font le ménage, elles cuisinent, elles lavent le linge. Qu'est-ce qu'un père peut demander de plus ?
—Il n'y a pas que ça…
Le père s'étonne :
—Et qu'y a-t-il d'autre ?
—Il y a qu'un jour, tu vas vieillir, tu vas tomber malade. Qui s'occupera de toi ?
—Mes filles bien sûr !
La femme hausse les épaules.
—Tes filles ne seront plus là !
— Et pourquoi donc ?
—Parce qu'elles vont grandir et se marier !
Le père n'avait pas pensé à cela…
—C'est pourquoi, dit la parente, tu dois te remarier. Seule une épouse te sera utile, maintenant et dans tes vieux jours… (à suivre...)


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