Désarroi Malgré un personnel médical dévoué, les patients souffrent le martyre. Il y a eu trop de décès. En moins d?un mois, neuf patients admis au service de cardiologie du CHU d?Oran sont décédés dans des conditions qui restent encore à élucider, a-t-on appris de sources bien informées. En effet, nous apprenons que les malades nécessitant une intervention chirurgicale sont carrément négligés. Par ailleurs, selon la même source, certains malades hospitalisés attendent toujours pour subir une intervention chirurgicale. Une attente qui dure depuis de longs mois pour certains d?entre eux. Désemparés, les malades et leurs proches ont tiré la sonnette d?alarme au niveau de la direction générale du CHU d?Oran pour résoudre ce grave problème et mettre ainsi fin à l?anarchie qui règne dans ce service névralgique. Des malades opérables ne cessent de soulever le problème de la lenteur administrative pour le traitement de leurs dossiers, notamment ceux relatifs à la chirurgie à c?ur ouvert. Plusieurs d?entre eux sont passés de vie à trépas pour des raisons purement bureaucratiques. Cette situation a provoqué des remous incalculables sur le devenir de ces malades, qui refusent de faire les frais d?une politique laxiste en matière de prise en charge optimale. Nos propos ne visent pas à dramatiser, mais à savoir simplement où en est la situation, effrayante du reste. Les cas relatés ici ne sont pas drôles, ils sont authentiques, tragiques. Recueillis sur place dans les salles bondées et les services débordés, ils sont racontés par des témoins victimes, des malades, des membres de leur famille, des infirmiers? Tous ont parlé ou écrit, non pas pour dénoncer, mais pour dire ce qu?ils vivent ou subissent, les uns et les autres. Scandalisés, les malades et leurs proches se plaignent : «A l?extérieur du bâtiment du service de cardiologie, les murs sont sales et les fenêtres poussiéreuses. Les mains des uns et des autres ont laissé de la crasse sur les portes. Les équipements sont rares, défectueux et mal entretenus. La garde médicale est quasi inexistante. Les proches parents des patients assurent eux-mêmes la garde des leurs. De jour comme de nuit, les malades ne sont pas épargnés par les odeurs nauséabondes des toilettes.» Ayant travaillé dans différents hôpitaux avant d?atterrir au CHU d?Oran, ce médecin ne dit pas grand-chose : «Compte tenu du nombre de malades et des conditions de travail, on ne peut pas faire de miracles avec les moyens du bord. La douleur, c?est la douleur. Les malades sont obligés de la supporter, nous, médecins, n?avons que la possibilité d?aller à l?essentiel : soigner ce qu?il faut soigner et non soulager.» Heureusement qu?il y a les familles pour apporter les médicaments ! Les témoignages sont les mêmes : il n?y a pas de médicaments et les démarches en matière de prise en charge des patients opérables est lente et fastidieuse. Dans ce service, les habitués vous préviennent : «Si tu n?apportes pas le nécessaire, tu ne seras pas convenablement soigné.» De tels faits peuvent être évités grâce à la présence d?esprit de trois pharmaciens qui ont installé leurs officines à quelques mètres seulement de l?hôpital. Des pharmacies sont ouvertes jusqu?à une heure tardive de la nuit et pourvues en produits nécessaires.