Résumé de la 3e partie n Les trois candidats – Gianfranco, Pavel et Sean – sont prêts à «déguster» un rat cru, des yeux de lapin et des cloportes... Sean, Pavel et Gianfranco pénètrent en file indienne sur la scène. Ils ont tous les trois revêtu leurs meilleurs vêtements. Les spectateurs qui possèdent des jumelles peuvent constater que leurs chemises sont propres mais élimées. Ils peuvent voir du même coup que leurs fronts sont moites de transpiration. Le présentateur procède au tirage au sort : Gianfranco tire l'as de pique, Pavel tire le roi et Sean la dame. — A Gianfranco l'honneur. Que décidez-vous de déguster, cher Gianfranco ? Gianfranco a depuis longtemps réfléchi au problème. — Je choisis le rat cru... La foule hurle son enthousiasme. Dans la coulisse, Mme Moreloni, entourée de tous ses enfants, verse une larme. — Il a de la chance, il n'a qu'à s'imaginer que c'est du lapin cru... Tandis que les deux autres candidats se tiennent au garde-à-vous de chaque côté de la table, Gianfranco se met à table et attaque le plat du jour d'un couteau et d'une fourchette et s'efforcent de ne pas trembler. La première bouchée lui arrache une grimace mais les encouragements des Italiens de la salle lui font chaud au cœur et en cinquante-cinq minutes exactement il engloutit le rat tout entier. Elmer Waterfield, qui connaît son métier, insiste pour qu'il fasse disparaître la moindre fibre musculaire qui subsiste encore sur les os. Quand c'est fait, la foule éclate en bravos délirants et, du haut de sa loge d'honneur, Barnaby H. Kesler Milaney applaudit avec l'air triomphant d'un président nouvellement élu. Puis, le rideau retombe et l'orchestre se déchaîne à nouveau. Après un court entracte, c'est au tour de Pavel Sholemski de se mettre à table. Lui, il a depuis longtemps décidé de s'attaquer au saladier rempli d'yeux de lapin. Bien sûr, s'il avait tiré l'as, il aurait lui aussi préféré le rat cru, mais après tout un œil de lapin ça s'avale d'un coup, sans mâcher... Pavel transpire abondamment et espère de tout son cœur arriver à bout du saladier sanguinolent. Il essaie d'estimer d'un coup d'œil combien il peut y avoir d'yeux gluants dans ce fichu saladier et pense : «Pourvu que je ne vomisse pas avant la fin, devant tout le monde...» Mais Pavel, en à peine trois quarts d'heure, finit par avaler d'un dernier petit coup de glotte le dernier œil de lapin, et même s'il manque de tourner de l'œil il se dit qu'il n'en aurait pas avalé un de plus, mais il écoute les applaudissements et la fanfare en se répétant : «Ça y est ! J'ai réussi, j'ai mes 3 900 dollars. Merci mon Dieu !» Et c'est au tour de Sean. Les Irlandais présents dans la salle entonnent en chœur un air de chez eux où il est question de l'amour d'une certaine Molly O'Hara. Sean se dit : «Je voudrais voir la tête de Molly O'Hara si elle devait avaler tous ces cloportes.» Mais il a une idée qui lui remonte un peu le moral : «Et si au lieu de cloportes c'étaient des crevettes ? J'en ai avalé des tonnes toutes crues et même vivantes.» Alors, Sean O'Casey se lance, plante sa fourchette dans le saladier grouillant de cloportes et enfourne la première bouchée en s'efforçant de mâcher le plus vite possible pour empêcher les «crustacés» d'un genre spécial de trop s'agiter sur sa langue... Dans la salle quelques spectatrices s'évanouissent. Elmer Waterfield, tout près du pauvre Irlandais, l'encourage sans trop regarder les répugnantes bestioles qui courent dans le saladier pour échapper à la fourchette de Sean et à leur destin... (à suivre...)