Désillusion n Ils ont fait de longues années d'études, rêvé d'un bel avenir, espéré que leurs efforts seront récompensés par un emploi digne leur permettant de vivre décemment. En vain. La réalité est cruelle pour les jeunes diplômés universitaires qui sont contraints d'exercer de petits travaux pour subsister. En effet, décrocher un poste de travail conforme au diplôme obtenu est devenu quasi impossible de nos jours. La situation socioéconomique que traverse notre pays ces dernières années, est à l'origine de cette situation. Mais pas seulement. On note un nombre sans cesse croissant de jeunes fraîchement diplômés pour quelques postes dégagés périodiquement. Pour preuve, les participants au concours de recrutement sont, dans la plupart des cas, cent fois plus nombreux que celui des postes proposés ! S'ajoute à cela le problème de régularisation de la situation vis-à-vis du service national, donnant ainsi une large opportunité à la gent féminine d'«accaparer» des emplois. La seule voie qui reste pour ces jeunes est alors de travailler dans des chantiers de construction, des cafés, des restaurants, des commerces… Cela en attendant une hypothétique opportunité de recrutement. Certains passent de longues années dans ces emplois temporaires. Pour eux, l''urgence est d'arriver à gagner décemment son argent de poche et ne pas dépendre de leurs parents. «J'ai obtenu ma licence en sciences de gestion en 2004 et je n'ai pas encore décroché un emploi en rapport avec mon diplôme. Cela fait plus de six ans que je suis serveur dans des restaurants. Mon niveau et ma dignité ne me permettent pas d'accepter certains comportements déplacés de la part des patrons. C'est pour cette raison que je change à chaque fois de lieu de travail», témoigne Hamid, la trentaine. Il confie avoir résidé dans plus de cinq wilayas du pays et travaillé dans pas moins de vingt restaurants. Parcourir de longues distances pour un salaire de misère est le lot de milliers de jeunes comme Hamid ! D'autres diplômés préfèrent, toutefois, exercer des métiers plus éprouvants, cependant plus rentables, tel le bâtiment. En effet, sur les chantiers de construction, il est courant de croiser de jeunes universitaires, qui optent pour ces travaux, afin de gagner de bonnes mensualités. Et ce, afin d'épargner suffisamment pour lancer un petit commerce ou s'acheter un véhicule. «Je sais parfaitement que mes chances de décrocher un emploi sont minimes. Je n'ai aucun appui dans l'administration et j'ai perdu beaucoup de connaissances dans ma spécialité. Mieux vaut alors que je continue à exercer mon nouveau métier de maçon dont j'ai acquis l'expérience après deux années sur les chantiers», affirme Brahim, licencié en sciences politiques, rencontré dans un chantier de construction à Tizi Ouzou. Il gagne certes bien sa vie, mais regrette tout de même de ne pas travailler dans l'administration. «Mon nouveau métier finira par me faire perdre à jamais mes aptitudes intellectuelles», déplore-t-il. C'est là, malheureusement, le sort de milliers de diplômés universitaires…