Héritage Les Boulaâcheb possèdent un atelier de maroquinerie familiale, transmis de père en fils depuis plus d?un siècle. Les trois frères Mehdi, Tarek et Nacer ont tenté, depuis leur venue au métier, de le développer et de le transmettre à leur tour à d?autres personnes qui n?appartiennent pas forcément au cercle familial. Leur petit local, sis à La Casbah, est soumis aux mêmes contraintes d?exuiguïté et de vetusté qui caractérisent les bâtisses de cette ville séculaire et leur effondrement signifie la perte du logement pour les habitants et la fin de l?activité commerciale ou artisanale pour ses détenteurs. L?absence de dédommagement est citée par la plupart des artisans comme étant la principale cause du déclin de l?artisan traditionnel. Tarek Boulaâcheb, qui chapeaute l?entreprise familiale et préside la chambre des métiers d?Alger, cite l?exemple de Mme Benseffa, une couturière de renommée, qui a perdu son local lors des inondations de Bab El-Oued et qui a été contrainte à transférer son activité chez elle, en l?absence de dédommagement des autorités locales. Il évoque, également, d?autres artisans spécialisés dans la tapisserie algéroise, la réalisation des chachias, voire aussi des brodeurs, des sculpteurs sur bois et des bijoutiers traditionnels qui ont dû abandonner le métier de leurs aïeux, faute de moyens et en raison de l?indisponibilité et de la cherté de la matière première qui est souvent importée. «Certains ont su, à l?occasion, se convertir dans d?autres activités plus lucratives alors que d?autres sont restés fidèles à leur art même s?ils n?avaient plus aucun moyen de l?exprimer», rapporte Tarek Boulaâcheb avec déception. Ce dernier met, par ailleurs, l?accent sur l?ignorance de la majorité des artisans des obligations et des droits qui accompagnent la carte d?artisan. «La plupart des artisans sont illetrés et ne savent pas comment s?en sortir face aux exigences administratives». Et d?ajouter que le succès de l?artisanat dans des pays voisins comme le Maroc ou partenaires comme la France, est lié à l?intérêt que portent ces Etats au secteur. En France, explique Tarek, c?est l?administration qui descend dans la rue pour aller à la recherche des artisans. Une fois repérés, ils sont inscrits à la Chambre des métiers qui leur offre un stage administratif d?une quinzaine de jours pour les familiariser avec les procédures administratives.