Résumé de la 85e partie n Sur les conseils d'Edward, Victoria se lie d'amitié avec Catherine... Leur journée finie, Catherine et Victoria, qui semblaient devenues d'excellentes amies, quittèrent ensemble le Rameau d'Olivier. Elles s'engagèrent dans un dédale de petites rues, toutes plus ou moins identiques, pour s'arrêter enfin devant une porte dont rien n'annonçait qu'elle fût celle d'un salon de coiffure. L'Arménienne, Mlle Ankoumian, parlait anglais, mais très lentement. Elle fit passer Victoria dans une pièce dont la propreté surprit heureusement la jeune fille. La cuvette était nette, les robinets étaient bien astiqués et des flacons de lotion et d'eau de Cologne s'alignaient sur des rayons. Catherine se retira et Victoria se confia aux mains expertes de Mlle Ankoumian. Sa toison se transforma bientôt en mousse d'écume, blanche et savonneuse. — Maintenant, si vous voulez bien vous pencher… Victoria obéit. Un robinet versa un flot d'eau sur ses cheveux. Brusquement, elle crut sentir une odeur sucrée, une odeur écœurante qui s'associait dans son esprit à des souvenirs d'hôpital. Presque au même instant, un tampon humide lui était appliqué sur le nez et la bouche. Elle se débattit, elle essaya de se retourner. Impossible ! Une main de fer maintenait le tampon en place... elle suffoquait, ses oreilles bourdonnaient... Bientôt elle sombrait dans le néant. Quand Victoria reprit conscience, des souvenirs lui revinrent vagues et confus. Elle se revit jetée dans une voiture, où se trouvaient des gens qui se disputaient en arabe. Elle avait la nausée. On lui projetait des lumières dans les yeux, on l'étendait sur un lit et quelqu'un lui levait le bras. Une aiguille s'enfonçait dans sa chair... Puis de nouveau, elle retombait dans le noir. Maintenant, dans une certaine mesure au moins, elle était redevenue Victoria Jones… Mais qu'était-il arrivé à Victoria Jones ?… Elle essayait de se le rappeler... Elle se souvenait de Babylone. Du soleil. De ses cheveux pleins de poussière, de Catherine à l'air sournois qui la conduisit chez cette Arménienne qui lui fit un shampooing. Là une odeur l'écœura… chloroforme sans doute. Après, que s'était-il passé ? On l'avait enlevée, mais menée où ? Victoria essaya de s'asseoir sur sa couche. Elle avait l'impression que tout tournait autour d'elle. Cette piqûre, c'était pour la droguer, bien sûr !… Elle devait être encore à demi inconsciente... En tout cas on ne l'avait pas tuée. C'était déjà ça. Mais, pourquoi ? Elle se sentait trop faible pour y réfléchir. Mieux valait qu'elle dorme encore. Ce qu'elle fit. Quand elle s'éveilla, elle se sentait plus lucide et il faisait grand jour. Elle se trouvait dans une pièce petite, mais très haute où ne filtrait qu'une pâle clarté. Le sol était en terre battue. Les seuls meubles : le lit et une table boiteuse supportant une vieille cuvette émaillée, à côté, un seau en zinc. La fenêtre, pourvue d'un treillage en bois, permettait cependant de voir au dehors. (à suivre...)