Résumé de la 87e partie n En prison, Victoria pense à ce que ferait Edward en s'apercevant de sa disparition... Son repas terminé, elle se sentit mieux et jugea que le moment était venu de réfléchir sérieusement. Elle avait été chloroformée et enlevée. Quand ? Un soir. Mais y avait-il longtemps de cela ? Impossible de le préciser. Deux ou trois jours sans doute. Mais peut-être beaucoup plus... Où était-elle ? Là encore, mystère absolu. Hors de Bagdad, bien sûr, mais où ? Comment le deviner ? Et même, comment le demander, puisqu'elle ne parlait pas un mot d'arabe ? Des heures passèrent, assez sombres, puis son geôlier reparut avec un nouveau plateau. Deux femmes le suivaient, voilées l'une et l'autre, qui restèrent sur, le seuil, échangeant des réflexions qui les faisaient rire. L'homme leur fit signe de se retirer, posa son plateau et, emportant l'autre, s'en alla à son tour. Avant de refermer la porte, il se retourna vers Victoria et dit à trois reprises : — Bukra.. Bukra... Bukra... Ce mot, Victoria le connaissait. Il signifiait : «demain». Demain donc il se passerait quelque chose. Quoi ? Elle ne voyait que deux hypothèses valables : ou sa captivité prendrait fin ou ce serait… sa vie même qui prendrait fin ! A la réflexion, elle se dit qu'elle avait tout intérêt «demain» à être ailleurs... Seulement, était-ce possible ? Pour la première fois, elle étudia le problème avec attention. Elle alla à la porte. De ce côté-là rien à faire. La serrure n'était pas de celles qu'on force avec une épingle à cheveux. Victoria se rendait d'ailleurs fort bien compte qu'il n'était pas au monde une serrure dont elle serait venue à bout avec une épingle à cheveux, si résistante fût-elle… La fenêtre ? Le treillage à moitié pourri ne représentait pas un obstacle insurmontable, à condition d'opérer sans bruit, mais il y aurait ensuite à faire un saut de trois ou quatre mètres. L'entorse à l'atterrissage - ou la fracture - était une quasi-certitude. Naturellement, dans les romans, on se fabriquait une corde avec des draps. Par malheur, Victoria ne disposait que d'une mauvaise couverture en coton dont on ne pouvait rien tirer. — Et zut ! Découragée, Victoria avait juré tout haut. Elle entendait pourtant bien fuir. Ses geôliers lui paraissaient des gens simples. Incapables de penser qu'une personne, si bien enfermée, puisse concevoir l'idée de s'évader. L'ennemi dangereux, celui ou celle qui l'avait enlevée, ne se trouvait pas dans cette maison ; il ne viendrait sans doute que demain «bukra». — Conclusion, murmura-t-elle, c'est aujourd'hui que je m'en vais ! Pour commencer, mangeons ! Le repas, cette fois encore, était «honnête» : du riz, quelques morceaux de viande pris dans une belle sauce rouge et des oranges. Victoria but ensuite quelques gorgées d'eau, puis, posant la cruche, la renversa. Tout en la ramassant d'un geste instinctif elle remarqua qu'à l'endroit où le liquide s'était répandu sur le sol une petite flaque de boue s'était formée, presque instantanément. Une idée lui vint tout aussitôt. — Tout dépend de la clé, dit-elle à mi-voix. Si elle et restée sur la porte, il y a de l'espoir... (à suivre...)