Violence n 15 civils dont plusieurs enfants ont été tués et quatre autres blessés dans la soirée d'hier, vendredi, par l'explosion d'une bombe artisanale contre une camionnette dans le sud du pays. Le véhicule se dirigeait du village de Khair Abad vers Khansheen dans la province du Helmand quand il a été victime d'une bombe artisanale, a annoncé ce samedi un porte-parole de la province, qui a attribué l'attaque aux talibans. Ce matin également, au moins 06 personnes ont été blessées par un attentat à la voiture piégée tout près du quartier général de la police de Kandahar, principale ville du sud et bastion de la rébellion des talibans. Quatre policiers et deux civils ont été blessés dans l'explosion. Le pays est ensanglanté par d'innombrables attentats attribués pour la plupart aux talibans alliés à Al-Qaïda. Les bombes artisanales bon marché, faciles à confectionner et parfois à dissimuler, sont la première cause de mortalité parmi les civils, même si elles ne les visent pas directement mais visent le plus souvent les soldats étrangers ou afghans, ou des bâtiments officiels. 1 271 civils ont été tués au cours des six premiers mois de 2010, la plupart lors d'attentats perpétrés par les talibans ou d'autres insurgés, selon un bilan de l'ONU remontant au mois d'août. Ce qui montre que la stratégie américaine, marquée par d'importants renforts en 2010, puis l'annonce d'un retrait progressif à partir de 2011 d' Afghanistan, et par un déluge de missiles visant Al-Qaïda au Pakistan, n'a pas produit d'effets décisifs sur le front de la «guerre contre le terrorisme». Car, avec près de 700 morts, 2010 est de très loin l'année la plus meurtrière en neuf ans de guerre en Afghanistan pour les quelque 140 000 soldats de la force de l'Otan, aux deux tiers américains, face à des talibans, qui, avec leur tactique de guérilla, ont gagné du terrain jusque dans le Nord. Une réalité qui fait dire aux experts que l'objectif de Washington et de l'Otan de retirer leurs troupes de combats à partir de 2011 et de confier aux forces afghanes la responsabilité de la totalité de la sécurité du pays d'ici à la fin 2014 est au mieux optimiste, au pire utopique. Une image restera à l'esprit en cette fin d'année 2010 : la visite-éclair, début décembre, du président américain, Barack Obama, en pleine nuit et tenue secrète pour «raisons de sécurité». Il est venu dire à ses soldats qu'ils étaient en train de «briser l'élan des talibans» mais n'a pas quitté la base américaine pour se rendre à Kaboul et rencontrer son homologue afghan Hamid Karzaï, en raison d'une mauvaise météo, selon la Maison-Blanche. Cette visite furtive, raillée par les talibans qui ont moqué une «fuite d'Afghanistan en pleine nuit», illustre le contraste entre des déclarations parfois enflammées à Washington et la retenue des chefs militaires sur le terrain.