Impact Le Kosovo est le symbole du pourrissement de la situation dans la région. Au lendemain de l'explosion de violences antiserbes, l'Europe a réagi avec une célérité qui témoigne de son inquiétude quant à l'impact dans les Balkans et de sa détermination à ne pas laisser la situation lui échapper. Un effet domino est-il possible dans les Balkans ? Pour Nadège Ragaru, spécialiste de cette région à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), «le Kosovo est le symptôme du lent pourrissement de la situation dans la région». En quelques mois, la donne politique s'est singulièrement compliquée dans les Balkans. A Belgrade, Vojislav Kostunica a pris les rênes d'un gouvernement soutenu par les partisans de Milosevic. Vendredi, à Belgrade, ce dirigeant nationaliste, favorable à la partition du Kosovo entre Serbes et Albanais, a pris la tête des 15 000 manifestants qui ont réclamé une action immédiate contre «les terroristes albanais». En Macédoine, le président modéré Boris Trajkovski est mort dans un accident d'avion, le 26 février, en Bosnie. Il était le principal garant des accords d'Orhid négociés sous l'égide de l'Union européenne qui, à l'été 2001, avaient permis d'éviter la guerre entre la majorité slave et la minorité albanophone (24% de la population). «Les deux communautés, qui ont fait des concessions, se sentent frustrées dans un contexte de marasme économique persistant», poursuit Nadège Ragaru. En Bosnie, le haut-représentant de la communauté internationale, le Britannique Paddy Ashdown, continue de gouverner de fait un pays toujours profondément divisé entre Serbes, Croates et Bosniaques musulmans. Dans l'immédiat, des affrontements de grande ampleur dans les pays voisins semblent peu probables. Les autorités macédoniennes n'en ont pas moins fermé leurs frontières avec le Kosovo. En Bosnie, la police bosno-serbe a renforcé les mesures de sécurité autour des lieux de culte musulmans. Mais, vendredi, c'est une église orthodoxe qui a été incendiée à Bugojno, une ville bosniaque. Dans ces deux pays, l'UE s'est exposée en première ligne pour tenter d'effacer le fiasco des années 1990. Les Nations unies avaient été incapables d'enrayer la guerre en Croatie (environ 10 000 morts) et surtout en Bosnie (plus de 200 000 victimes). En Macédoine, une mission de police européenne a récemment pris le relais des militaires déployés, début 2003, par l'UE. En Bosnie, où stationnent toujours 2 000 soldats américains, les Quinze doivent succéder à l'OTAN avant la fin de l'année. Les Européens jouent gros dans ce brasier mal éteint. A l'orée des années 1990, ils s'étaient laissé surprendre par le délitement de l'ex-Yougoslavie, qui avait démarré au Kosovo, en 1989.