Résumé de la 67e partie n Jeanne Weber, qui se fait appeler Moulinet, fait parler encore d'elle. Cette fois-ci, elle est soupçonnée d'avoir tué le fils d'un fermier chez qui elle a trouvé refuge. Le juge Belleau demande au docteur de revoir les conclusions de son autopsie et il en confie une nouvelle au docteur Bruneau, anatomiste et pathologiste de renom. Le corps du jeune Auguste est exhumé et de nouveau disséqué. Cette fois-ci, les conclusions sont totalement différentes. Le docteur Bruneau a, d'abord, constaté que la marque rouge sur le cou de l'enfant n'a pas été causée par le col de sa chemise mais par une strangulation. Il a observé ensuite, au-dessous des cartilages du cou, des lésions qui pouvaient avoir été laissées par des ongles. Le larynx et le pharynx sont couverts d'ecchymoses provoquées également par la strangulation. En tout cas, un col de chemise ne pouvait causer de telles lésions ! Le médecin suppose que l'enfant a été étranglé avec un mouchoir ou un autre linge que le meurtrier a noué autour du cou. L'enfant souffrait d'une légère méningite d'origine tuberculeuse, à un stade si précoce qu'elle ne pouvait être tenue pour la cause du décès. Fort de ce nouveau rapport, le juge d'instruction fait aussitôt procéder à l'arrestation de Jeanne Weber, alias Moulinet. Elle est aussitôt transférée à la prison de Bourges. La presse parle de nouveau d'elle. On apprend qu'après son acquittement, Jeanne a subi une sorte de dépression : même innocentée, elle a dû affronter la méfiance de ses proches qui refusent de lui confier leurs enfants. En juin 1906, elle quitte son époux et vagabonde d'une région à une autre jusqu'au jour où elle se fixe chez Bavouzet, un fermier qui venait de perdre sa femme. Les questions fusent : la justice a-t-elle innocenté une meurtrière ? Les sommités de la médecine légale française, se sont-elles trompées dans leurs analyses ? Qui croire et qui ne pas croire ? L'avocat de Jeanne, dans l'affaire des enfants Weber, Henri Robert, se sentant pris à partie, se propose de défendre, une fois de plus, Jeanne. Il commence par critiquer le juge Belleau qui a fait appel à des médecins de province, peu compétents, pour faire une autopsie, alors qu'il a négligé les sommités parisiennes. Il exige que le docteur Thoinot, successeur de Brouardel, mort récemment, refasse l'autopsie. Belleau refuse de répondre à l'injonction mais Robert insiste et multiplie les articles dans la presse. L'opinion publique fait pression et le juge doit faire appel à Thoinot. Celui-ci passe à l'action et, le 5 août, il remet son rapport. Il admet qu'à cause de la putréfaction le tissu du cou a été modifié et qu'il est impossible d'affirmer avec certitude si l'enfant a été étranglé ou non. Il critique aussi les médecins qui ont effectué les autopsies précédentes : ils n'auraient pas pénétré suffisamment dans la marque du cou pour prouver l'existence d'ecchymoses, on ne pouvait donc pas conclure, là non plus, à une strangulation. Le juge Belleau est toujours persuadé de la culpabilité de Jeanne. Il sait aussi que même s'il se trompe, Thoinot, qui jouait sa réputation, n'allait pas se désavouer. Il tente encore de renverser la situation en faisant appel à d'autres spécialistes. Ceux-ci ne refont pas l'autopsie, mais étudient les conclusions des précédents. Entre les déclarations de médecins de province et celle d'un éminent spécialiste, le choix est vite fait. On donne raison à Thoinot. Jeanne Weber est relâchée. Mais le dossier de l'ogresse de Paris n'est toujours pas fermé. (à suivre...)