Décision n Intervenant en Conseil des ministres, le chef de l'Etat a annoncé jeudi la levée «prochaine» l de l'état d'urgence institué en 1992. Rappelant que l'état d'urgence a été instauré «pour les seuls besoins de la lutte antiterroriste, et c'est cette raison uniquement qui en a dicté le maintien sur une base légale», le président de la République a annoncé que «pour mettre un terme à toute polémique infondée sur cette question, je charge le gouvernement à s'atteler, sans délais, à l'élaboration de textes appropriés qui permettront à l'Etat de poursuivre la lutte antiterroriste jusqu'à son aboutissement, avec la même efficacité et toujours dans le cadre de la loi». Abdelaziz Bouteflika a cependant précisé que l'état d'urgence «n'a, à aucun moment, entravé une activité politique pluraliste des plus riches, ni contrarié le déroulement de campagnes électorales intenses, de l'avis même des observateurs qui les ont suivies». Concernant l'organisation des marches, le chef de l'Etat a affirmé, tout en exceptant la capitale, que «rien ne l'entrave dans toutes les autres wilayas, pour autant que les demandes et les conditions exigées par la loi soient réunies». Expliquant le maintien de l'interdiction des marches à Alger, le président de la République a enchaîné : «Certes, la capitale fait exception dans ce domaine pour des raisons d'ordre public bien connues, et certainement pas pour y empêcher une quelconque expression.» «Au demeurant, Alger compte plusieurs salles publiques de capacités diverses, qui sont gracieusement disponibles pour tout parti ou association en faisant légalement la demande, en vue d'y faire entendre son point de vue», a-t-il rappelé. Il est à noter que 21 députés ont déposé mardi dernier au niveau du bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN) une proposition de loi en faveur de la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis le 9 février 1992. Les auteurs de cette proposition considèrent que l'amélioration de la situation sécuritaire «enlève tout argument pratique au maintien de cet état de fait». Ainsi, le décret législatif 93-02 du 6 février 1993 «ne trouve pas de fondements au triple plan juridique, sécuritaire et politique». Le vice-Premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni, qui s'exprimait à la veille de la déclaration présidentielle, en marge de la cérémonie de clôture de la session d'automne de l'APN, a affirmé que les autorités publiques n'ont jamais pris de décisions, au titre de l'état d'urgence, qui ont «réduit» ou «limité» les libertés individuelles et collectives. En ce qui concerne l'accès des partis politiques à la télévision et aux radios, le président de la République a précisé qu'aucune loi ou instruction ne l'a jamais interdit à quelque formation ou association légale que ce soit.