Il était une fois dans la savane ouest-africaine une jolie fille. Elle s'appelait Sira. Sira était belle comme l'aurore. Elle avait les dents blanches qu'on aurait dit du coton au soleil. Sira avait un cou droit, une poitrine bien dégagée. Les perles qu'elle portait autour de ses reins chantaient et louaient sa beauté et son charme. Bref Sira était tout ce qui peut évoquer chez un homme l'envie de la posséder, de l'épouser, de la garder jalousement au fond de sa case. Quand Sira était enfant, elle avait un ami appelé Bani. Bani et Sira qui avaient grandi ensemble, étaient très proches – le village les appelait mari et femme. Il s'était tissé une certaine connivence entre les deux familles. Elles s'assistaient mutuellement pour les bonnes et mauvaises causes. Les deux enfants s'aimaient et lorsqu'ils grandirent tout le monde au village, ayant compris le sens de leur amour, a décidé de les marier. les noces furent célébrées avec la bénédiction de tous les parents et dans la joie des amis. Mais, il y avait une seule personne qui n'avait pas pu contenir sa jalousie vis-à-vis de ce jeune et beau couple. Il s'agit du sorcier Tura. Tura était très fort dans l'art occulte. Il avait comme compagnon de tous les jours Satan en personne. La présence de ce compagnon de malheur se manifestait par les faits suivants : Tura était toujours survolé par le vautour à la couronne blanche. Il avait toujours les yeux rouges et ne dormait jamais le jour. Lorsque les noces furent célébrées, Tura entra en action. Sira eut la nuit conjugale de terribles maux de tête. La deuxième nuit, les maux de tête persistaient ainsi que la troisième et la quatrième nuits. A la cinquième nuit, aux maux de tête virulents s'ajoutaient les maux de ventre que Sira sentit jusque dans le dos et dans ses hanches. Elle transpirait, criait, pleurait, souffrait. Sira fit appeler sa mère à qui elle tint ce langage : — Mère, peux-tu m'aider à trouver un remède à mes maux ? — Ma fille, je vais réunir tous les marabouts et sorciers de notre contrée. Si je dois y mettre toutes mes économies, je le ferai pour toi mon unique enfant chérie. — Maman, la famille de mon mari commence à perdre patience, je te prie de sauver mon amour et mon mariage. — Je le ferai, mon enfant, et s'il le faut , je sacrifierai ma personne pour lever ce malheur qui te frappe. La mère de Sira réunit alors tous les marabouts et sacrifia la quasi-totalité de son troupeau de bovins. L'opération ne fut couronnée d'aucun succès. Elle répéta quatre fois. Rien. Sira la fit appeler encore. Ses douleurs persistaient. Elle était devenue très maigre et avait perdu tout son charme à cause de la maladie. Ses belles-sœurs avaient commencé, contre elle, une vaste campagne de délation. «Quelle est cette femme qui est toujours couchée ?» Une semaine plus tard, la famille du marié envoya le griot en le chargeant d'annuler le mariage de Sira et Bani. Le mariage n'était pas consommé, la famille de Sira était tenue rembourser les frais essentiels prévus à cet effet. Sira fut emportée la même nuit, comme un bébé à califourchon, dans la case de la mère. Elles pleurèrent toute la nuit ensemble. (A suivre...)