Le mouvement de grève lancé par le Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) a sérieusement perturbé le fonctionnement des CHU et les structures dépendant du secteur de la santé publique. L'amplification de cette dynamique et la radicalisation des actions observées par ce mouvement inquiètent les malades et leurs familles. Ces derniers doivent prendre leur mal en patience et ce, quelles que soient les conséquences sur leur santé déjà fragile. Cette pénalisation dont sont victimes des milliers de patients devrait interpeller à la fois les autorités et le Collectif. Le premier étant le garant de la santé publique et le deuxième en tant que praticien responsable du soin et du suivi de ces malades. Il faut dire que les répercussions de ce débrayage sur le malade et sa santé sont dramatiques. Les rendez-vous des différents examens médicaux sont reportés, les interventions chirurgicales renvoyées à des dates ultérieures et les soins ne sont guère dispensés. Les médecins résidents étant la véritable cheville ouvrière de nos structures sanitaires, leur absence s'avère très préjudiciable pour le bon fonctionnement de celles-ci. «C'est tout le système de santé national qui est basé sur cette corporation», selon le Dr Arab, qui vient de terminer son service civil au sud du pays. Enfin, pour CAMRA, la balle est dans le camp des pouvoirs publics, alors que pour le département d'Ould Abbès «la grève est injustifiable». Deux sons de cloche différents qui compliquent davantage la situation du malade livré à lui-même devant ce désengagement des deux parties censées prendre soin de sa santé «Ce n'est pas parce que la tutelle répond par le mépris, l'autisme et la fuite en avant qu'on a le droit de ne pas se soucier de l'état de santé des malades et de leur prise en charge médicale», tient à préciser pour sa part le Dr Bourdjioua, médecin résident de Béjaïa. «Il faut trouver des moyens de lutte qui ont moins de conséquences sur les malades en interpellant la société à ne pas fuir ses responsabilités.» A noter qu'ils sont pas moins de 8 000 médecins résidents (sur un total de 50 000 médecins environ), qui exercent dans les différents établissements et centres hospitaliers du pays. Le système des examens contesté Pour ce qui est du volet pédagogique, les protestataires se disent très contrariés par le système des examens actuel. «La loi du 6 décembre 2010 signée par le ministre de l'Enseignement supérieur a instauré un système d'examen dit intercalé. Ce sont des examens sanctionnant le médecin résident qui est appelé à refaire l'année à la moindre mauvaise note. Dans les pays où le système de santé est performant, il n'y a pas d'examen, la formation est continue», se défend le Collectif des médecins résidents.