Discorde n Le service civil qui est une obligation, à laquelle tous les médecins résidents sont soumis, reste le point épineux et controversé de la plateforme de revendications des blouses blanches. Dans leurs rassemblements, les médecins ont scandé des slogans contre l'injustice et la discrimination dont ils estiment faire l'objet. Le service civil, l'un des points clés de ces revendications, constitue à leurs yeux une injustice qui ne dit pas son nom. Les grévistes rejettent cette obligation qui les astreint à être au service du pays pour une période allant de un à quatre ans, selon la zone d'affectation. «Une sorte d'acquittement, car selon les autorités la gratuité des études se paye», estime le porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA). Mais la question qui se pose devant ce devoir imposé de force est «pourquoi seul le praticien spécialiste est assujetti à une telle obligation ?» s'interroge le Dr Mohamed Toufik Yelles, avant d'insister encore une fois sur le caractère «discriminatoire et anticonstitutionnel de cette loi». «Nous voulons travailler dans le Sud, Nous ne voulons pas faire des missions. Encore faudrait-il nous assurer les conditions de vie et de travail. Les médecins affectés au sud s'amusent aujourd'hui à faire dans les évacuations faute de plateau technique», a ajouté le Dr Yelles afin d'appuyer cette opposition face à la question du service civil. La discrimination va jusqu'à «priver les médecins des mesures de grâce relatives au service militaire», dit-il. Une réalité que les blouses blanches désapprouvent et condamnent, selon notre interlocuteur. Les médecins spécialistes en formation, toutes spécialités confondues, touchent aujourd'hui un salaire équivalent à deux fois le SNMG. Une rémunération qui s'apparente plus à une indemnité qu'à un salaire puisqu'«avec des CDD (contrat à durée déterminée), nous n'avons pas droit à des crédits immobiliers et autres», affirme le porte-parole du CAMRA. Les grévistes demandent à cet effet que leur tutelle cesse de «les ballotter entre le statut de l'étudiant et du fonctionnaire». Pour justifier cette revendication qui peut étonner plus d'un, dans la mesure où le médecin résident est avant tout en formation, soit étudiant, le Dr Yelles met en relief la situation de ses collègues de la gent féminine. Les médecins résidentes en situation de parturiente ne bénéficient pas d'un congé de maternité, «cela est laissé à l'appréciation des chefs de service. Pour certaines c'est l'année qui est rejetée au mépris des lois», soutient-il. Dans leurs canevas de doléances, les médecins en spécialisation ont également exigé le droit à se constituer en syndicat. «La grève qui a été annoncée pourtant depuis un certain temps est jugée illégale. Pour la tutelle, un préavis de grève devait être posé huit jours avant le débrayage», un argument qui peine à convaincre les protestataires. Grève «illégale» selon la justice Le caractère «illégal de la grève» menée par ce corps médical a été confirmé par la justice selon le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. M. Ould Abbès qui répondait à la question d'un député lors d'une séance plénière du conseil de la Nation, jeudi dernier, a précisé que la justice a promulgué le 6 avril une ordonnance en référé confirmant «le caractère illégal de la grève des médecins résidents». Le ministre a appelé, à cet effet, les blouses blanches à la raison les invitant à regagner leurs postes de travail et à poursuivre le dialogue avec le ministère. Il a affirmé que la grève avait touché dix wilayas.