Un moment fort hier à l'hôpital Mustapha Pacha. Plus de 3000 médecins ont répondu à l'appel du collectif autonome national des médecins résidents, rassemblés pour exprimer leur malaise et leur envie d'améliorer leurs conditions de travail. Une contestation bien organisée par ces blouses blanches, majoritairement des résidents rejoints par des externes, des internes et des médecins généralistes fraîchement diplômés. Sourire aux lèvres, banderoles et pancartes en main, ils ont scandé des slogans forts et mesurés : «En colère», «Ya wazir, la médecine marahich bkheir (ministre, la médecine va mal», «Y en a marre, ça suffit !». A 11h, ils étaient près de 1500 médecins résidents réunis autour du même objectif : observer une halte pour exprimer leur inquiétude et leur besoin de changement. «Il faut tout d'abord souligner que notre souci majeur est de bien prendre en charge nos patients. Pour y parvenir, il faut impérativement que les revendications des médecins soient prises en charge. Nous avons récolté 3500 signatures de médecins résidents d'Alger et beaucoup d'autres sont mobilisés dans les autres villes, c'est dire que le mouvement est représentatif, ce qui est important», note le docteur Mohamed-Sahnoune Omar, porte-parole du collectif créé il y a seulement trois semaines. Ces jeunes médecins ont créé ce nouveau mouvement justement parce qu'aucune structure ne répondait à leurs préoccupations actuelles. Après un travail de sensibilisation et de mobilisation mené via facebook et sur le terrain, ces jeunes médecins ont décidé de prendre leur destin en main. Une marche a donc été improvisée hier à l'intérieur même de l'hôpital pour afficher la détermination sans faille qui les anime. Leur première revendication : l'abrogation de toutes les lois et décrets relatifs au service civil obligatoire. En contrepartie, ils proposent l'ouverture de postes budgétaires dans toutes les wilayas du pays accompagnée de mesures incitatives. «Tout a commencé suite aux déclarations du ministère qui visaient à tenir en otages les médecins résidents à travers le service civil obligatoire auquel ils sont soumis pour avoir le droit d'exercer», explique Dr Amine Benhabib. La plateforme de revendications comprenant d'autres points, tels que la révision du statut actuel du résident, la réévaluation de la rémunération ainsi que des problèmes pédagogiques, a été déposée au Premier ministère, au ministère de la Santé et au niveau de celui de l'Enseignement supérieur. Des externes, des internes et des médecins généralistes, fraîchement diplômés, ont également rejoint le mouvement pour exprimer, eux aussi, leurs attentes. «On s'est mis d'accord sur une plateforme commune portant sur des questions pédagogiques et administratives qui nous bloquent», souligne un médecin délégué des internes. La mobilisation d'hier a été longue, elle s'est poursuivie toute l'après-midi, suite à quoi une réunion a été programmée. «Nous sommes déterminés à continuer notre mouvement de contestation jusqu'à arracher nos droits», explique Dr Mohamed-Sahnoune Omar. D'autres sit-in et une grève sont envisagés si aucune réponse n'est donnée à leurs revendications. Ce mouvement concernait aussi d'autres villes du pays où des sit-in ont également été observés : Oran, Tlemcen, Sétif, Sidi Bel Abbès, Constantine et Blida.