Réflexion n Cheikh Abdelhamid Benbadis avait compris que tout effort de redressement d'une société doit passer par l'éducation et la science, ont souligné, hier, samedi, les participants à une rencontre consacrée au parcours et à la vie de cet illustre réformiste. Le Dr Abdelaziz Filali, président de la Fondation Abdelhamid-Benbadis, initiatrice de cette journée de réflexion dédiée à l'imam, et dont les travaux se sont déroulés au palais de la Culture Malek-Haddad, a notamment souligné «l'ampleur de la lutte qu'avait livrée Cheikh Benbadis contre l'ignorance et l'analphabétisme». Deux phénomènes, a-t-il dit, citant Benbadis, qui «annihilent toute volonté de prise de conscience et de sensibilisation de la société pour qu'elle puisse se libérer du joug colonial et recouvrer sa souveraineté spoliée». Le Dr Saad Khemissi, de l'université Mentouri de Constantine a affirmé, quant à lui, que l'action réformiste de Benbadis a été entamée, à Constantine, par la Fondation d'écoles après que l'Imam eut pris l'initiative d'enseigner lui-même, mû par l'influence de la pensée islamique dont il s'était davantage imprégné lors de son périple à Djamaâ Ezzitouna (Tunisie) et dans les pays de la péninsule arabe où il avait côtoyé de grandes figures et d'illustres penseurs arabes et musulmans. L'imam qui insistait toujours pour que les personnes âgées soient également instruites pour éradiquer l'analphabétisme, avait milité pour que la femme soit aussi cultivée en ouvrant, en 1930 à Constantine, la première école de filles, a-t-on relevé lors des débats. Les participants à cette conférence, venus des universités d'Alger et de Constantine, ont souligné, dans ce contexte, l'intérêt que portait Benbadis à l'instruction de la femme qu'il considérait comme «un jalon essentiel à l'émancipation des peuples», sans que cela signifie, pour autant, «une négation des traditions et des valeurs de l'islam». Un intérêt dont il s'était fait l'écho dans ses innombrables œuvres et articles parus dans les journaux et revues qu'il avait fondés. Un documentaire vidéo consacré à sa vie et à ses œuvres a également été projeté et largement débattu lors de cette journée qui a marqué l'ouverture des festivités célébrant Youm El-Ilm. Ces festivités dureront tout le mois d'avril, à Constantine, ville qui a vu naître le cheikh, le 4 décembre 1889. Une riche exposition comportant notamment des numéros des journaux El Mountakid, El Bassaïr et Ech-Chihab ainsi qu'une serviette en cuir et une canne portant le nom de Benbadis qui fut offerte à l'imam par la ville de Tlemcen après qu'il eut achevé un travail d'exégèse du Saint Coran, a été organisée, en marge de cette rencontre qui s'est déroulée en présence des autorités de la wilaya ainsi que de descendants et de proches du Cheikh.