InfoSoir : La situation géographique et la vastitude de l'Algérie lui confèrent un formidable potentiel touristique riche et varié. Pourquoi cette destination demeure-t-elle aussi méconnue ? M. Seba : La décennie noire que l'Algérie a vécue, les campagnes de désinformation sur le produit touristique algérien pendant cette période, conjuguées au manque de consistance des actions des structures en charge de la promotion Algérie à travers les salons internationaux ont eu raison de cette destination touristique. En outre, le tourisme en tant qu'activité économique ne représente que peu de chose pour l'Algérien, il est donc évident qu'on se retrouve dans une logique immobiliste. Qu'y a-t-il lieu de faire pour attirer plus d'étrangers sachant que nos voisins, le Maroc et la Tunisie, nous ont largement devancés dans ce domaine ? Se comparer à ces deux pays voisins est farfelu en soi. Ils sont largement en avance. En amont de la stratégie de récupération des espaces perdus, il y a la volonté politique. A partir de là se déclineront les autres actions qui sont la promotion de l'image de l'Algérie à travers les salons internationaux et plus généralement à travers les médias étrangers, la densification du parc hôtelier par l'encouragement de l'investissement, celle de l'appareil de formation par la construction de nouveaux centres de formation et le développement de la coopération avec des écoles de compétences reconnues, l'implication de tous les opérateurs de voyages et, notamment, le réseau des agences de voyages dans la commercialisation du produit touristique national. Aujourd'hui, la capacité d'hébergement est inférieure à 100 000 lits et 10% des hôtels ne répondent pas aux normes internationales... Votre commentaire ? L'initiation du concept factice de «tourisme interne» en son temps a eu raison de l'offre hôtelière au plan de la qualité et a largement participé à sa dépréciation. Le manque d'investissement a figé l'offre hôtelière au plan quantitatif et l'obsolescence du système de formation a conduit à la dégradation de la qualité des prestations et a anéanti toute velléité d'y remédier. Pourquoi les Algériens préfèrent-ils voyager à l'étranger plutôt que découvrir leur propre pays ? L'Algérien, comme tout citoyen du monde, va là où ses moyens le lui permettent et là où il trouve le meilleur rapport qualité - prix. Ce n'est certainement pas en Algérie qu'il le trouvera. Et c'est tout naturellement qu'il choisit d'autres destinations. En France, en Espagne... il y a des programmes spéciaux pour des catégories tels les salariés, les retraités. A-t-on pensé à s'inspirer de ces expériences pour justement développer le tourisme domestique ? Ces programmes existent en Algérie à travers les offres des entreprises au profit de leurs salariés par l'entremise notamment des œuvres sociales. Des vacances sont proposées avec une aide dans le financement aussi bien à l'étranger qu'en Algérie. Ce sont des formules encourageantes et qui pallient, un tant soit peu, l'inaccessibilité de certains établissements touristiques pour la cherté des tarifs. Cela dit, l'offre reste insuffisante. Le ministre du Tourisme a déclaré récemment à la Radio nationale que les 76 hôtels ne seront pas vendus. Est-ce une bonne décision pour le tourisme algérien ? Cette décision aura au moins l'avantage et le mérite de la clarté. Cela ne changera rien à la situation antérieure puisque même si la volonté déclarée était de vendre, rien n'était fait dans ce sens ou pas grand-chose. *Expert en tourisme et éditeur de la revue Tourisme Magazine