Langage n Quatre courts-métrages ont été projetés, jeudi, à la Cinémathèque d'Alger dans le cadre du projet «Alger demain, les films», initié par Thala Film production. Un jour à Alger est réalisé par Raouf Benia. Il raconte l'histoire de Hakim, un jeune Algérois qui oscille entre rêve et réalité. Il ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est fictif. On le voit à la tête d'une entreprise qui venait de décrocher un contrat important. Il habite seul, et on le voit prendre, chaque matin, le métro, en allant à son travail… Mais, on ne sait pas si c'est vraiment réel ou fictif, car juste après dans les scènes suivantes, on le voit mener une existence à l'opposée de ce qu'on a vu. Le film aborde le rêve de tout jeune Algérien, à savoir réussir dans sa vie professionnelle, habiter seul et être pleinement épanoui. Procrastination est d'Etienne Kaleb. Ce film se veut beaucoup plus orienté vers un vécu intérieur que vers une vision dirigée vers l'extérieur. C'est l'histoire d'Azzedine qui est hanté par son histoire avec Mina, l'amour de sa vie. Il est seul, chez lui, et on voit Mina venir habiter ses pensées, apparaître dans sa vie présente comme une présence fantomatique. L'homme, face miroir est une réalisation de Zakaria Saïdani. Il est purement psychologique. C'est l'histoire de Zico qui, interné dans un établissement psychiatrique, invente chaque jour une histoire, dans laquelle il se situe. Il reconstitue un récit qui n'est peut-être pas le sien. Il se recréé, se réinvente dans chacune des histoires qu'il imagine et à travers le personnage qu'il pense être. On est partagé entre fantasmes et existence tangible. Enfin, le dernier court métrage Demain, Alger ?, semble le plus saisissant. Il est d'Amin Sidi Boumediene qui nous présente trois jeunes qui discutent en bas de l'immeuble. Le départ imminent de leur meilleur ami est au centre de leurs discussions qui vire à la dispute. Dans un appartement au-dessus, Fouad fait sa valise dans le silence sous le regard triste de sa mère en larmes. Il s'en va en France sans même dire au revoir à ses amis. Fouad discute avec son père d'un éventuel retour «demain» dans une Algérie qu'il ne reconnaîtra certainement pas, parce qu'elle aura changé. Auparavant, on voit les trois amis en bas de l'immeuble discuter un projet : aller à Alger, dans le centre. Mais ils n'arrivent pas à se mettre d'accord, parce que l'un est décidé à aller jusqu'au bout, alors que l'autre y a renoncé, tandis que le troisième est indécis. L'histoire se déroule le 4 octobre 1988. On est donc à la veille du 5 octobre. Les émeutes qui ont secoué l'Algérie et changé à jamais son paysage social, culturel économique et politique. Ces films sont certes courts, mais ils revêtent une accentuation remarquée. Il y a une rigueur et une exigence au plan technique, conceptuel et dans le choix de la thématique. Ce sont des films faits avec beaucoup de sérieux. La réalisation suit une démarche laissant ressentir un certain professionnalisme, mené d'une façon aussi bien individuelle que crédible et l'approche artistique qui est choisie, soigneusement étudiée, est menée avec autant d'attention que de régularité. Le fonctionnement est équilibré. Il y a aussi l'audace, la ténacité. La manière de faire est basée sur la force et le caractère. Il y a du cran dans la tournure de construction du langage cinématographique. Tout est traversé par la spontanéité. Tout ce qu'on peut dire, c'est, d'une part, qu'il faut encourager ces jeunes réalisateurs et, d'autre part, saluer l'initiative de Thala Film Production qui a soutenu ces films avec l'aide de nombreux partenariats.