Intégrité n «La presse doit sortir du carcan de la propagande. Elle ne doit dépendre d'aucune idéologie, ni être manipulée.» C'est ce qu'a affirmé, hier, à InfoSoir, Zoheir Ihaddaden, historien et professeur à l'Université d'Alger, dans une conférence-débat organisée au Centre de presse d'El Moudjahid. Evoquant l'expérience algérienne dans le domaine de l'information de manière générale et particulièrement de la presse écrite avant et après l'indépendance, il dira que le parcours de la presse en Algérie est assez long. En 1962, l'information a été couverte surtout par la presse écrite, la télévision ne jouait pas encore un grand rôle à cette époque et était surclassée même par la radio. Il a qualifié la presse écrite algérienne durant la Révolution d'«engagée» et de «périodique». «C'était une presse de propagande qui s'appuyait surtout sur des journaux hebdomadaires et mensuels, ce n'était pas une presse d'information», a-t-il noté. Depuis 1989 cette presse a poursuivi le même chemin, c'est-à-dire qu'en réalité elle faisait de la propagande. Après 1989 à l'époque de Chadli Bendjedid et avec l'introduction du code de l'information, il y a eu une multitude de quotidiens privés qui ont paru, voire une ouverture extraordinaire au niveau de la télévision. En dépit de cela, il dira que jusqu'à aujourd'hui, la presse ne s'est pas encore dégagée de cette caractéristique essentielle d'avant l'indépendance, c'est-à-dire une presse engagée, a-t-il réitéré. Un journal indépendant qu'il soit en langue arabe ou française «ne doit dépendre d'aucune idéologie, ni être manipulé», a fait remarquer l'intervenant. Or, enchaîne-t-il : «Quand nous lisons un journal, nous pouvons comprendre immédiatement et indirectement qu'il prend position par son contenu.» Pour sa part, Boualem Cherifi a souligné dans ce sillage que «le journaliste doit pouvoir faire passer son message en obéissent à la morale et selon sa conscience. Les mots sont des armes qui tuent» , a-t-il appuyé . Pour sa part, Amar Belkhodja, historien et ancien journaliste d'El Moudjahid, dira qu'à l'ère du colonialisme, la naissance du journalisme algérien s'est faite simultanément avec la montée du nationalisme lui-même. Le nationalisme avait besoin d'organes pour dénoncer le colonialisme et éveiller la conscience nationale. Les journaux El Ouma et Egalité de Ferhat Abbas sont autant de journaux écrits par des journalistes militants qui dénonçaient toute forme d'oppression telle que la torture. Questionné sur les dernières mesures prises par le président de la République quant à la dépénalisation des délits de presse, le Pr Ihaddaden expliquera qu'«en principe le journaliste doit être responsable et ne doit pas dépasser certaines limites». Cela veut dire, selon lui, qu'«il ne doit pas verser dans la désinformation, ni dans le mensonge et que pour la moindre faille il doit être sanctionné». Maintenant avec ces nouvelles dispositions, à qui le journaliste doit-il rendre des comptes ? Eh bien, dira encore cet historien, c'est «le comité de déontologie qui doit avoir la possibilité dans ses attributions d'infliger des sanctions à un journaliste récidiviste. Il doit pouvoir le démettre de ses fonctions. Il n'ira pas en prison mais il ne sera plus journaliste», a-t-il dit, ajoutant que ce comité doit également «obliger le journaliste à respecter la morale et à ne pas verser dans la désinformation». S. L.