Evénement n Durant onze jours, Cannes déroulera le tapis rouge aux gens du 7e art et sera, du coup, la capitale du cinéma mondial. L'actrice française Mélanie Laurent, maîtresse de cérémonie, tout de tulle noir vêtue, a lancé hier soir l'ouverture officielle du 64e Festival de Cannes. Le président du jury, Robert de Niro, accueilli lui aussi par une standing ovation d'un parterre prestigieux et ébloui, a tenu à exprimer son ravissement en français : «Merci pour m'inviter ici, pour le 75... 64'tième (sic) festival de Cannes. J'espère que je fais un bon travail et encore merci», a-t-il déclaré sous les acclamations. Cela faisait longtemps que Cannes voulait s'honorer de la présidence de cet acteur-producteur-réalisateur américain, fondateur du festival de Tribeca, à New York, qui siège cette année à la tête d'une équipe comprenant notamment Uma Thurman, tout en blanc, Jude Law ou Olivier Assayas. Après la projection d'une version couleur – miraculeusement retrouvée – du Voyage dans la lune de Georges Méliès (1902), c'est un autre citoyen de New York, Woody Allen, qui donnait le coup d'envoi cinématographique avec la projection (hors compétition) de Midnight in Paris. Par ailleurs, le cinéaste italien Bernardo Bertolucci a reçu une Palme d'honneur de l'histoire du festival de Cannes à 70 ans. «J'ai attendu un peu, je vais avoir ma Palme d'Or», a déclaré le réalisateur de 1900 et du Conformiste, sur la scène du Palais des Festivals, en recevant des mains du président du festival, Gilles Jacob, cette distinction destinée à récompenser un réalisateur privé, jusqu'alors, de Palme d'Or - sans pour autant «le canoniser de son vivant», a insisté M. Jacob. En chaise roulante en raison d'un mal de dos invalidant, Bertolucci, ravi et ému, a aussitôt dédié son trophée à «tous les Italiens qui ont encore la force de lutter, de critiquer, de s'indigner» sous le gouvernement Berlusconi. Robert de Niro est un président du jury peu bavard : entouré des sept jurés du festival de Cannes, il s'est livré, laconique, au jeu de la conférence de presse, hier, mercredi, visiblement pressé de retrouver l'intimité de la salle de projection. «Je ne sais pas précisément ce que j'attends» de la sélection, «on verra au fur et à mesure», a-t-il répondu, se disant impatient de découvrir les vingt films de la compétition officielle. «Voir autant de films en si peu de temps, être ainsi à l'abri de toute distraction, c'est plutôt inhabituel pour moi, et fabuleux», a ajouté le comédien new-yorkais de 67 ans. Il s'est montré humble face à l'importance de la tâche et à l'injustice intrinsèque à toute distribution de prix. «C'est une arme à double tranchant. Certains ne seront pas reconnus» par le palmarès, a-t-il affirmé, «c'est comme ça». «On ne peut pas faire un palmarès parfait», a renchéri le cinéaste français Olivier Assayas à ses côtés, affirmant que le jury essayerait d'être «le plus juste et le plus généreux» possible, pour récompenser les «films les plus forts, les plus stimulants». «Les grands films imposent leurs propres critères», a-t-il ajouté.