Démarche n Les Palestiniens tiennent au parrainage international des négociations de paix pour rééquilibrer leur face-à-face avec Israël, mais ne se fient plus à Washington. Les atermoiements de l'Administration Obama sur un nouveau gel de la colonisation exigé du Premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu, ont miné sa crédibilité auprès des Palestiniens qui attendent désormais de Washington qu'il ne se mette pas en travers de leur accession à une reconnaissance internationale. Dans une tribune publiée hier par le New York Times, deux jours avant le discours du président américain, le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas se montre résolu à demander la reconnaissance de la Palestine à l'ONU en septembre prochain. Aux responsables américains qui douteraient de sa détermination ou voudraient encore le convaincre de l'intérêt de négociations, dont la démission de l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell a sanctionné l'échec, Abbas prévient qu'«il ne faut pas y voir une manœuvre». «Notre recherche de reconnaissance en tant qu'Etat ne devrait pas être considérée comme une manœuvre. Trop de nos hommes et femmes ont péri pour que nous puissions pratiquer un tel théâtre politique», écrit Abbas dans le New York Times. «Nous allons devant les Nations unies maintenant pour garantir notre droit de vivre libres sur 22% du territoire de notre patrie historique, parce que nous avons négocié avec l'Etat d'Israël pendant vingt ans sans nous rapprocher de la création de notre propre Etat», explique-t-il. Les Palestiniens veulent demander au Conseil de sécurité de reconnaître leur Etat sur les lignes de 1967, quitte à se retourner vers l'Assemblée générale, au cas où les Etats-Unis mettraient leur veto, comme attendu. Dans cette hypothèse, ils comptent invoquer une résolution de 1950 autorisant l'Assemblée générale à se substituer au Conseil de sécurité quand celui-ci est paralysé par le veto d'un membre permanent. «Nous ne pouvons attendre indéfiniment pendant qu'Israël continue d'envoyer encore plus de colons en Cisjordanie occupée et dénie aux Palestiniens l'accès à la plupart de notre terre», ajoute Abbas. Selon le dirigeant palestinien, une reconnaissance internationale permettrait une discussion avec Israël d'égal à égal : «La Palestine négocierait en qualité de membre des Nations unies, dont le territoire est occupé militairement par un autre et non en tant que peuple vaincu prêt à accepter n'importe quelle condition qui nous serait présentée.» Tirant les conclusions de la faillite des pourparlers de paix lancés en septembre 2010 sous les auspices de Washington, il remarque que «ni la pression politique ni les promesses de récompense par les Etats-Unis n'ont fait cesser le programme de colonisation d'Israël». «Quand Mitchell est venu voir le président Abbas, se tordant les mains et disant : ‘'Je suis vraiment désolé ! Nous n'avons pas réussi à tenir parole sur la colonisation. Nous n'avons même pas pu convaincre Netanyahu d'accepter un moratoire de trois mois'', la crédibilité de l'Amérique, parrain du processus de paix, s'est évanouie», selon le négociateur palestinien Nabil Chaath. «Si vous ne pouvez pas obtenir des Israéliens l'application de ce qui a été convenu, seulement pour trois mois, comment pourriez-vous garantir qu'en cas d'accord pour que les Israéliens se retirent de toute la Cisjordanie, ils le respecteraient ?» a demandé Chaath, estimant que l'Administration Obama trop monopolisée par les questions intérieures pour assumer cette mission.