Réalité n Le secteur de la santé traverse, ces dernières années, une période difficile. Les ministres qui se sont succédé à la tête de ce département depuis des années n'ont pas pu sortir le secteur du marasme. Les mouvements de protestation touchent, depuis plusieurs années déjà, presque tous les corps de la santé. Toutefois, ces deux dernières années, ces mouvements ont pris des proportions alarmantes et touchent d'autres corps de la santé. Les praticiens de la santé publique, les spécialistes, les anesthésistes, les dentistes, les pharmaciens, les résidents, aucun corps n'est épargné. Grèves, sit-in, tentatives de marche avortées, si la manière d'exprimer leur ras-le- bol et de faire entendre leurs revendications sont différentes, l'objectif est le même : un statut digne et des conditions de travail décentes pour une meilleure prise en charge des patients. Le bras de fer ou la «guerre» entre les professionnels de la santé et leur tutelle remonte à plusieurs années. C'est devenu même une tradition. Petit historique pour comprendre ce qui ne va pas entre les deux parties. Depuis 2004 déjà, plusieurs actions de protestation ont été observées par les syndicats des praticiens et des praticiens spécialistes de la santé publique. Les deux ministres qui se sont succédé à la tête du département de la santé, respectivement Amar Tou et Saïd Barkat n'ont pas pu calmer la grogne des syndicats du secteur. La situation s'est encore aggravée à l'époque de Barkat, étant donné que ce dernier «avait complètement ignoré le partenaire social», selon les différents syndicats. Ils estiment que M. Barkat avait fait preuve de «beaucoup d'insuffisances, de lacunes et de défaillances». L'arrivée de M. Ould Abbès à la tête du département de la Santé était perçue comme «une avancée». Ould Abbès a donc été nommé au moment où le secteur traversait une crise multiforme. Dès son installation, il a ouvert les portes du dialogue aux professionnels de la santé et entamé une série de rencontres et de réunions avec les représentants des différents corps. Un dialogue qui n'a abouti à rien, et ce fut le désenchantement des médecins qui avaient espéré une avancée avec l'arrivée de Ould Abbès. D'ailleurs «une guerre des mots» a commencé entre les médecins grévistes et le ministre. Ce dernier a affirmé que «tous les statuts particuliers ont été adoptés» et que les augmentations de salaires annoncées toucheront «toutes les spécialités». La déclaration relative à ces augmentations, faite par le ministre lors de son passage au JT de 20h sur l'Entv, a été qualifiée d'«irresponsable et indigne». Ainsi, M. Ould Abbès, à la tête du secteur depuis une année, n'a pas pu, comme le souhaitaient les professionnels du secteur, «sortir la santé de son coma»… Paramédicaux Deux mois de grève Après une grève entamée au mois de février, les paramédicaux avaient repris le travail au mois d'avril. Le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) avait décidé de suspendre son mouvement de grève après que la tutelle eut accepté sa plateforme de revendications. Le ministère de la Santé avait pris en charge les revendications «légitimes» du syndicat, notamment celle relative au statut particulier, promulgué récemment. Selon le ministre, toutes les doléances des paramédicaux «se trouvent dans ce nouveau statut et six décrets relatifs à cette catégorie avaient été signés dernièrement par le gouvernement». Les sanctions ayant été prises à l'encontre des paramédicaux grévistes avaient été levées.