Crise La tension latente, qui régnait en Kabylie depuis le début de la campagne électorale, a éclaté, hier, à l?occasion de la visite du candidat Abdelaziz Bouteflika dans la ville des Genêts. Comme annoncé, l?aile dialoguiste des ârchs a lancé un appel pour une grève générale suivie d?un rassemblement et ce, pour dénoncer la venue du président-candidat dans la région de Kabylie. Le mot d?ordre de grève a été largement suivi dans le chef-lieu de wilaya. Tous les magasins et autres commerces ont baissé rideau. La ville a été quadrillée par un dispositif impressionnant de policiers qui se sont déployés à travers les artères de la ville. Dès 8h 30, les jeunes ayant adhéré au mot d?ordre des ârchs ont commencé à se regrouper à la cité des Genêts, la cité Million, au centre-ville. A chaque fois que les manifestants tentaient d?avancer, les brigades antiémeutes les en empêchaient, ce qui ne faisait qu?attiser la colère des jeunes qui scandaient «Ulac l?vot ulac» (pas de vote), déjà excités par la présence des renforts de CNS et de policiers. Peu de temps après, des foyers de tension ont éclaté au centre-ville, à la cité Million, à la rue Lamali? Les jeunes ont ainsi barricadé les artères de la ville à l?aide d?objets hétéroclites, tels des pneus brûlés, des blocs de pierre... Des pierres et autres projectiles ont été lancés par les manifestants sur les CNS qui ripostaient par des bombes lacrymogènes. Les affrontements se sont poursuivis jusqu?à 17h. Ainsi, on a enregistré près d?une cinquantaine de blessés légers dont deux policiers. Selon certaines informations, la police aurait interpellé une centaine de jeunes dont certains ont été relâchés peu de temps après. Par ailleurs, le cortège du président-candidat a été accueilli à l?entrée de la ville par une avalanche de pierres qui a contraint les organisateurs à changer l?itinéraire au retour en passant par Boukhalfa. Le moins que l?on puisse dire est que la situation est toujours tendue en Kabylie. Celle-ci risque fort bien de s?exacerber à l?approche du jour «J». Ainsi, pour les observateurs avertis, l?éclatement des affrontements entre les favorables aux élections et les partisans du rejet ne sont pas à écarter.