Résumé de la 3e partie Dihiya a un don de prémonition, ce qui la fait passer pour une prêtresse, mais c'est aussi une redoutable guerrière... Hassan ben Nu'mân est donc averti : les Berbères des Aurès n'étaient nullement disposés à se laisser envahir et, de surcroît, ils étaient sous l'emprise d'une femme qui les encourageait à prendre l'étendard de la résistance. Cette femme est une devineresse, une prêtresse qui sait lire les pensées et l'avenir... «Cette femme, dit Hassan en serrant les poings, je la tuerai de mes mains et j?enverrai sa tête au calife de Damas !» On sait le sort que La Kahina a réservé à Hassan et à son armée : une défaite si lourde que les Arabes, en souvenir du désastre, ont surnommé l'oued «Oued al-Bala'» (la rivière des malheurs). Dihiya, grisée par la victoire, a poursuivi Hassan jusqu'à ce qu'il ait quitté le Maghreb central. Le chef arabe, très éprouvé, quitte l'lfriqya et arrive en Egypte. De là, il écrit au calife de Damas, lui demandant ce qu'il y a lieu de faire. «Reste où tu es, lui répond le calife. Attends que je te donne d'autres ordres.» Pendant ce temps, les Byzantins ont repris Carthage, chassant les troupes arabes qui y ont été placées en garnison par Hassan. La Kahina ne s'est pas contentée de repousser les Arabes : elle s'est emparée des territoires qui relevaient autrefois de l'autorité byzantine et qui ont été occupés par les Arabes. A la bataille de Oued Nini, elle a fait prisonnier un jeune guerrier arabe, Khâlid ben Yâzid, un neveu de Hassan. Elle pensait sans doute l'utiliser comme monnaie d'échange ou le rançonner. Le jeune homme, lui, était persuadé qu'il allait être mis à mort. On lui avait dit que ces Berbères infidèles qu'on combattait étaient d'une grande cruauté et que La Kahina était une méchante sorcière qui faisait subir les pires supplices à ses prisonniers. Or, non seulement on ne l'a pas mis à mort, mais on se montre d'une grande bonté à son égard. La Kahina elle-même lui apporte à manger et à boire et elle lui parle gentiment. ? Ne crains rien, lui dit-elle, nous traitons nos prisonniers avec humanité ! ? Pourquoi alors, demande le jeune homme, nous livres-tu la guerre ? ? Parce que je ne veux pas que mon pays tombe entre les mains de l'étranger ! Les Berbères que je commande sont généreux et hospitaliers mais ils aiment par-dessus tout leur liberté et ils ne veulent, pour rien au monde, y renoncer ! Un jour, la reine vient le trouver et lui demande : ? Veux-tu être un fils pour moi ? Le jeune s'étonne de la proposition : la reine a des fils et elle lui demande, à lui, le neveu de son adversaire, donc son ennemi également, de devenir son fils ! Il la regarde et il remarque qu'elle le couvre de regards affectueux : elle l'aime déjà comme son fils ! ? Oui, bredouille-t-il, troublé, je veux bien devenir ton fils. Alors, La Kahina réunit son conseil, elle prend place au centre de l'assemblée. Elle appelle Khâlid et lui demande de s'asseoir sur ses genoux. Le jeune homme s'exécute, puis La Kahina sort son sein et le lui donne à téter. ? Désormais, lui dit-elle, tu es mon fils adoptif, le frère de mes enfants ! Tu ne devras ni me trahir ni les trahir. Désormais tu es des nôtres ! (à suivre...)