Preuves n Les deux avocats américains de DSK ont fait un travail de fourmi et ont monté un dossier en béton. Il y a un peu plus d'une semaine, au beau milieu de la journée, les chaînes de télé et les radios du monde entier interrompaient brusquement leurs programmes pour annoncer les derniers rebondissements de l'affaire DSK. Le procureur Cyrus Vance, visiblement décontenancé par la tournure que prenait ce feuilleton, annonçait à la presse du monde entier accourue aux nouvelles un certain nombre de décisions qui mettaient le prévenu en partie hors de cause. Dominique Strauss Kahn, le soir même, était dispensé de son bracelet électronique et l'argent de sa caution, la bagatelle de 5 millions de dollars, lui était restitué. Par ailleurs, l'ex-patron du FMI était libre désormais d'habiter où bon lui semblait et la contrainte qui l'obligeait à ne pas s'éloigner du périmètre immédiat du tribunal était levée. En outre, il pouvait circuler à travers tout le territoire des Etats-Unis, Hawaï compris, mais n'avait pas le droit de le quitter, son passeport lui ayant été retiré.Que s'est-il passé pour que le procureur qui avait une affaire qui pouvait accélérer et même hâter sa réélection, abandonne ainsi toutes les charges ou presque contre DSK ? Le travail de fourmi, apparemment, des deux avocats américains de DSK dont surtout le fameux Brafman qui ont monté un dossier en béton qui a permis de descendre en flammes Nafissatou Diallo, la victime. Selon ce rapport étayé sur des preuves irréfutables, la femme de chambre aurait menti au moins sur un point. Contrairement à ce qu'elle avait affirmé aux enquêteurs au début de l'enquête, elle ne s'est pas prostrée dans un débarras de l'hôtel pour pleurer après son viol supposé, mais a continué à nettoyer d'autres chambres dont elle avait la charge.Selon ce document, elle aurait passé un coup de fil à un certain dealer incarcéré dans une prison de l'Arizona qui se trouve être son mari. Voilà donc un deuxième mensonge pour une femme qui a toujours prétendu qu'elle était célibataire et qu'elle élevait seule sa fille de 15 ans. Et comme son téléphone était sur écoute, les avocats de DSK ont dû repiquer avec délice le contenu de sa conversation en plus avec son époux, qui lui aurait dit : «Tu n'as pas peur de t'embarquer dans une affaire pareille ?» «Ne t'inquiète pas, je sais ce que je fais. Il y a beaucoup d'argent dans cette histoire…», lui a-t-elle répondu.Enfin, les deux défenseurs de DSK ont fourni au tribunal deux preuves qui finiront pas discréditer totalement la jeune femme. La première est le montant de 100 000 dollars déposé à son compte par le dealer, sans doute le fruit de la drogue, et la seconde une réputation sulfureuse de soubrette d'hôtel qui tarifait ses charmes. Bien sûr, rien n'est encore joué. Il faut attendre la date du 18 juillet pour être fixé sur le sort de DSK, car des charges pèsent sur lui, dont le viol et abus. Des délits considérés comme particulièrement monstrueux aux Etats-Unis. Ce n'est donc pas un hasard si Dominique Strauss Kahn, suite à une simple plainte du Sofitel, a été extirpé de son avion en partance pour Paris, menotté, auditionné par la police, fouillé, passé à l'analyse ADN, traîné dans un fourgon cellulaire et emprisonné dans l'un des pénitenciers les plus durs des USA et des plus impitoyables.C'est d'ailleurs depuis sa géôle qu'il rédigera sa lettre de démission du poste de directeur général du FMI, une bien triste fin pour un homme qui était vingt-quatre heures avant sur le toit du monde. Pour éviter d'éventuels dépassements quand on dirige pareille institution, le comité du FMI a inclus dans le contrat des successeurs de DSK, Christine Lagarde en l'occurrence, un paragraphe spécial concernant l'éthique et la morale qu'ils sont tenus désormais de respecter.