Ebullition Coupables ou pas, les six arbitres écartés la saison dernière par la FAF ont, à travers leurs révélations, provoqué des réactions en chaîne au sein de la corporation. Dans sa dernière livraison, le magazine sportif Maracana revient sur le scandale provoqué par certains arbitres passés aux «aveux» dans l?hebdomadaire Le Buteur, mais, cette fois, avec un autre son de cloche. En effet, le dossier consacré à l?arbitrage n?a été finalement qu?un réquisitoire dressé contre les six arbitres qui ont osé s?exprimer, mais aussi contre le journaliste qui leur a ouvert la voix (ou la voie) de son dictaphone pour mettre à nu certaines pratiques et magouilles qui souillent, depuis déjà des années, le sport roi dans notre pays. Et quand on sait que le directeur de la rédaction de Maracana n?est autre que le directeur de l?hôtel du 5-Juillet celui-là même vers qui sont pointés les doigts accusateurs des arbitres écartés et d?autres personnes du milieu du football, on comprend toute l?étendue des règlements de comptes qui se trament à l?horizon. Notre confrère du Buteur a été descendu en flammes pour avoir interviewé ces arbitres et pour avoir pensé un instant que les maux de notre football, notamment ceux qui sont liés à l?arbitrage, parviennent de cet hôtel où toutes les décisions sont prises. Il est même accusé indirectement de corruption. Cela est moche lorsque des confrères se retrouvent au milieu d?une bataille rangée qui ne dit pas son nom. Par ailleurs, l?influence du directeur de l?hôtel Calcutta, l?autre nom que donnent ses détracteurs, n?est plus à démontrer tant ses accointances avec le milieu de l?arbitrage et celui de la fédération de football sont connues par tous. D?ailleurs, les détails et les affleurements que donne l?initiateur de ce dossier prouvent qu?il est bien trempé dans ce milieu et qu?il en connaît plus sur ce qui se trame dans les coulisses du foot. D?autant qu?il reconnaît que le milieu est pourri et que la saison dernière, par exemple, a été marquée par de grands scandales. Et les saisons d?avant et celle d?après ne le sont-elles pas par hasard ? On apprendra ainsi que des arbitres indélicats ont été suspendus de leurs fonctions pour avoir commis plusieurs fautes. Cela va de la simple erreur technique à la tentation de corruption, en passant par la compensation ou l?affinité à une région. Ainsi, on apprendra que Ouanès, un agent de sécurité dans une entreprise dans le civil, aurait exhibé son arme à un joueur dans les vestiaires et l?aurait menacé de l?embarquer se faisant passer pour un agent du DRS. Il aurait également promis à Zaïm, le président de l?USM Blida, d?aider son club une prochaine fois après sa défaite contre la JSK (5-0). Mehdi Abdi, lui, n?aurait pas pris ses responsabilités après avoir reconnu (?), lors de son audition par la CCA, que son arbitre-assistant Tayeb Dani, natif de Constantine, était mêlé à une affaire de corruption liée au match de division II, CB Mila-CS Constantine, de la saison dernière. A Lahmar, fils d?un grand arbitre des années 1970, il est reproché le fait d?avoir passé la nuit avec l?équipe de l?USM Blida juste après le match de coupe arrêté à Oran entre le MCO et l?USMB. Un autre arbitre, Hirèche, est, lui aussi, accusé d?avoir passé la nuit avec des joueurs (ceux du CR Belouizdad) démasqué à l?époque par Ramzy Saïb, le frère de Moussa. Plus grave, les arbitres Ahmed Seghier et Chawki Mouellef sont, pour leur part, accusés d?avoir succombé à la tentation de l?argent. Le premier aurait même reconnu les faits qui lui étaient reprochés après le fameux IBKEK-CSC (1-2) et aurait demandé clémence. Quant à Azem et Benchenaâ, ils n?ont pas fauté techniquement et leur statut d?éventuel ripou n?a jamais été évoqué. Toutes ces révélations sont connues dans le milieu de l?arbitrage, du football en général, mais ce que l?auteur du dossier ne dit pas, c?est que ces arbitres, selon leurs témoignages, n?ont jamais reçu de notification de la FAF ou de la CCA et que ces dernières les ont ignorés pendant une année sans daigner les recevoir malgré leurs multiples, mais vaines sollicitations. Lors de la dernière réunion du bureau fédéral du 28 mars à Oran, ce dernier a donné des instructions aux arbitres Benouza et Benaïssa de déposer plainte contre leur collègue Mouellef qui les a cités dans le cadre de la corruption.