Avis n La chorégraphie demeure une forme d'expression scénique absente – ou presque – dans la pratique théâtrale en Algérie. L'on a pu constater que dans le théâtre algérien, on privilégie le verbe au corps, sachant que celui-ci est aussi un moyen d'expression, un langage scénique à part entière. C'est un spectacle. Il s'agit-là d'une construction théâtrale sans mot. D'où l'importance de l'intégrer dans le jeu théâtral et l'associer au verbe. C'est ainsi que de plus en plus de jeunes metteurs en scène algériens, tiennent à intégrer dans leur travail théâtral un élément scénique, qu'est la chorégraphie, considérée dorénavant par ces derniers comme une figure à part entière, voire essentielle dans la composition spatiale de l'œuvre théâtrale. Car, il s'agit, selon eux, d'un élément de la création, d'un modèle d'esthétique ; c'est un langage en soi qui transforme l'émotion en signes, et ceux-ci en mouvements. Si autrefois, la chorégraphie était absente ou superficielle dans la mise en scène, elle prend, aujourd'hui, des proportions de plus en plus importantes. Elle commence peu à peu à y occuper une place, devenant alors un savoir-faire esthétique, une exigence scénique dans la création théâtrale contemporaine. «Il est vrai que l'on assiste aujourd'hui à une pratique qui a tendance à utiliser la chorégraphie par besoin esthétique», dira Boudjemaâ Djillani, metteur en scène et président de l'association de théâtre pour amateur El-Moudja de Mostaganem, et de nuancer : «Il faudrait cependant l'utiliser d'une façon intelligente, suivant une démarche artistique adéquate avec le travail théâtral en question.» Autrement dit, la chorégraphie, qui est un art où l'on peut véhiculer et ce, d'une manière indépendante, différents thèmes que ce soit dans le tragique, le drame ou le comique, doit intervenir d'une façon pertinente dans la représentation théâtrale en vue de conférer un sens complémentaire dans la composition scénique en général. Pour le jeune metteur en scène Haïdar Houcine : «La chorégraphie est un art de création à part entière dans lequel on avance des idées. Il repose sur des principes, des préoccupations artistiques et des choix esthétiques. C'est une discipline qui contribue énormément dans la construction de la dramaturgie et la développe.» Le metteur en scène tient, en outre, à préciser que l'usage de la chorégraphie dans la composition théâtrale doit se faire d'une manière juste, appropriée. «Il faut que le metteur en scène soit prudent lorsqu'il recourt à la chorégraphie pour son travail théâtral», dira-t-il. «Il y a un risque de tomber dans le piège du vide dramatique, seulement en comblant sa mise en scène avec une composition chorégraphique qui devient en conséquence un choix subjectif.» Notons que les jeunes professionnels des planches algériens, pour lesquels «le théâtre moderne nécessite une formation», appellent à favoriser l'intégration de l'art chorégraphique dans le travail théâtral. Pour ce faire, «une formation en ce sens s'impose», s'accordent-ils à dire. «Un homme de scène se doit d'être à la fois comédien et danseur. Le théâtre est un tout. On y trouve le jeu, la danse, la musique. En somme, le théâtre est l'action, et pour faire un beau spectacle, il faut qu'il y ait de l'action. Celle-ci émane de l'émotion. Chaque sueur comporte de l'émotion.» Ainsi, l'art de la chorégraphie aide à enrichir davantage le théâtre algérien. Il faut juste privilégier le jeu corporel.