Exception Les deux précédentes élections présidentielles ont été frappées de discrédit. Celle de cette année sera-t-elle différente ? Une nouvelle fois les électeurs algériens se rendront aux urnes pour élire leur futur président. Néanmoins, si depuis presque une décennie ils ont la possibilité de choisir à travers les urnes et parmi plusieurs candidats l?homme ou la femme qu?ils estiment apte et capable de diriger le pays pour les cinq prochaines années, ils sont, en revanche, toujours en quête de crédibilité pour l?opération de vote par laquelle leur élu sortira vainqueur de la compétition. Certes, les citoyens algériens sont sortis, depuis pas mal d?années déjà, du fameux moule des scrutins présidentiels dominés par des taux de 99,99% de «Oui» de l?époque bénie du parti unique, cela ne veut pas dire pour autant que les élections présidentielles suivantes furent des consultations sans aucune irrégularité. Loin s?en faut ! Les deux scrutins présidentiels pluralistes de la décennie 1990 ont tous les deux été contestés tant dans l?organisation que dans le résultat final. Ainsi, l?élection présidentielle du 16 novembre 1995, qui avait consacré Liamine Zéroual président de la République, avait vu certes un taux de participation record, s?étant déroulée dans une atmosphère de peur et de frayeur sans précédent dans le pays, mais aussi dans un contexte d?incertitudes patentes relatives à l?existence future de l?Etat national, elle a cependant été aussi contestée en ce qui concerne ses résultats. Celle du 15 avril 1999, qui a conduit à l?élection de l?actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, fut, dès le départ, entachée d?une fausse-note irrémédiable. Elle a vu, la veille du vote, le retrait définitif des six concurrents qui briguaient le poste en même temps que Bouteflika, pour suspicions de fraude. Et autant le taux de participation des électeurs que le résultat du vote furent contestés par ceux qui se sont retirés. Alors que sera le scrutin présidentiel de cette année ? Déjà, avant même l?ouverture de la campagne électorale, de fortes présomptions de discrédit ont pesé sur la préparation et l?organisation de la consultation électorale. Sur fond de méfiances accentuées, les accusations par anticipation relatives à une éventuelle fraude dans ce vote de la part de l?Administration domestiquée par des milieux proches du Président-candidat n?ont pas manqué. Même la proclamation publique et à plusieurs reprises par l?institution militaire de sa stricte neutralité entre les six candidats de la compétition n?a pas suffi à faire disparaître complètement ces suspicions constamment relayées par une grande partie de la presse. Dans ces conditions, beaucoup voient mal comment cette élection présidentielle pluraliste de 2004 pourrait aboutir à un avis favorable de tous concernant sa régularité. Autrement dit, la quête effrénée de la crédibilité pour les élections algériennes reste plus présente que jamais.