Revirement A J-1 de l?élection présidentielle, les voix des candidats s?élèvent violemment pour décrier «la fraude» alors qu?ils semblaient, ces derniers jours, reprendre confiance avec les assurances données par l?armée. Aujourd?hui, Ali Benflis, Saïd Sadi et Abdallah Djaballah menacent d?invalider les résultats du scrutin qui va dans le sens d?une «agression criante contre la volonté de la nation, une atteinte flagrante à la Constitution et un empiètement de la loi électorale». Mais aussi au vu des «graves irrégularités» observées par l?Administration, que ce soit sur le territoire national ou en France où doutes et polémiques ont entaché le scrutin, à l?évocation de manipulations des services consulaires de l?électorat au profit du président-candidat. Réunis hier à Mila, les trois candidats ont rendu public un communiqué dans lequel ils affirment «avoir pris connaissance, de sources sûres, de l?existence, dans le clan présidentiel, d?une volonté avérée d?annoncer sa victoire au premier tour avec un pourcentage oscillant entre 53 et 55 %». Qualifiant la situation de «véritable complot», sur la base de plusieurs indices relevés durant toute la campagne, ils indiquent que la «première partition de ce complot a débuté avec l?émission Images et Opinions, diffusée par la télévision nationale dans la nuit du lundi 5 avril». Ils sollicitent, de ce fait, les institutions de l?Etat «concernées par la protection de la Constitution à veiller sur la sécurité et l?ordre général et à arrêter le complot», tout en prenant à témoin l?opinion nationale et internationale qu?ils dégagent toute responsabilité «des dérapages qui découleront de ce complot» endossé au président-candidat. Ils appellent également leurs militants et les citoyens à la vigilance et à se mobiliser pour empêcher «le hold-up électoral», préparé par leur adversaire. Louisa Hanoune, qui ne fait pas partie de cette coalition, dénonce, à sa manière, les «dérives» du cercle présidentiel qui «exploite l?Entv pour manipuler l?opinion publique et la tromper en faveur de Bouteflika». Le coordonnateur de la Commission nationale politique de surveillance de l?élection présidentielle, Saïd Bouchaïr, a qualifié de «graves» le passage à la télévision des visites d?inspection et de travail des ministres et du chef de l?exécutif la veille du scrutin. Il a, par ailleurs, avancé le chiffre de 650 plaintes déposées par les représentants des candidats portant bourrage des listes électorales, celles des surveillants, l?impartialité des responsables. Il a, également, exprimé sa déception par rapport aux agressions dont ont été victimes des représentants de candidats ou leurs sièges de permanence, qu?il a attribuées à «des malfaiteurs agissant de leur propre volonté». Concernant le quatrième et dernier sondage de l?institut Abassa présenté par l?Entv dans l?émission Images et Opinions, le P-DG de l?unique affirme que l?émission n?obéit à aucun «penchant tendancieux» et que ce sondage, classé confidentiel, a été commandé par un des candidats signataires du communiqué de protestation et que la télévision n?a fait que l?acheter pour le diffuser.