Succès n Mohamed Mazouni a eu droit à un véritable triomphe à l'hôtel Ansar, hier, samedi, en soirée lors de la célébration de la Journée du Moudjahid. «Je suis un patriote et j'ai toujours défendu l'Algérien, notamment l'émigré», nous dit le chanteur, qui, interrogé sur ses débuts, nous apprend qu'il avait au départ subi l'influence de Farid Atrache dont il apprenait par cœur tout le répertoire. Par la suite, il s'est mis au bedoui à Radio Alger dans les années 58-59 avec Rahab Tahar. «Je composais tout seul mes chansons et j'introduisais des messages de combat et de militantisme parce qu'il ne faut pas oublier que j'ai deux frères martyrs, Abdelkader mort en 1956 et Omar en 1960. Sensibiliser les Algériens n'était pas facile avec la censure et le contrôle.» En 1963, le chanteur changera de style – abandonnant la guesba – pour adopter un nouveau ayant trait aux problèmes de société avec Ahmed Saber. Ce qui a donné un premier disque portant le titre Djit nekhetbek memoualik ya leghzalla (Je suis venu demander ta main à tes parents ô gazelle) abordant, selon l'artiste, le problème de la dot, «pendant qu'Ahmed Saber parlait de liberté de la femme avec cheikh Mokrani, qui écrivait ses chansons». Mazouni s'installera ensuite en France où il chantera l'émigration de 1968 à 1974. «Meriem Abed diffusait mes chansons sur Radio Ici Paris et les disques 45T marchaient bien avant l'arrivée du raï.» Mohamed Mazouni a évoqué les grands titres de l'époque collant à l'actualité comme la crise du pétrole et la chanson Aghleq robinet (ferme le robinet) en 1973, Adieu la France, bonjour l'Algérie sur le retour des émigrés. Mazouni a également chanté l'USMB, sa ville natale où il est né le 4 mai 1940, comme il a chanté la JSK, l'EN. A 71 ans, il revendique pas moins de 680 chansons dont beaucoup ont été reprises par des stars comme le groupe Barbès, le chanteur Rachid Taha. «J'ai fait passer des messages politiques avec le dialectal, une langue qui passe mieux avec les jeunes mais qui m'a empêché d'être une grande vedette en France par la faute du lobby juif qui prenait mal mon engagement aux côtés de la Palestine, notamment avec Nar ya nar ya Abou Ammar, en faisant allusion au regretté Yasser Arafat», dira Mazouni qui a appelé encore Azdem ya Hussein durant l'invasion de l'Irak. Algérien militant, il affirme cependant qu'il a pris les devants pour assurer… ses arrières en cotisant pour percevoir une retraite. «J'ai cotisé en tant que salarié à la Sacem en France et nous n'avons pas encore de syndicat des artistes et chanteurs en Algérie… On attend le Père Noël !». Hier, il a été appelé pour chanter sur scène à 71 ans et recevoir à la fin un joli bouquet de fleurs sous les ovations du nombreux public présent dans la salle de l'hôtel Ansar à Blida.