Réaction n Cinq jours après la célébration de la fête de l'Aïd el-fitr par les Algériens, un groupe de scientifiques algériens s'insurge contre la manière dont a été décrétée la date de cette fête religieuse. Dans une lettre ouverte, datée d'hier, et adressée au président de la République, au Premier ministre, aux ministres des Affaires religieuses et des Waqfs et à celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, des professeurs-chercheurs et enseignants universitaires algériens dans le domaine astrophysique dénoncent ce qui s'apparente à une grosse supercherie dont a été victime le peuple algérien. Les scientifiques algériens considèrent, en effet, que le croissant lunaire marquant la fin du mois de ramadan n'était pas visible le lundi 29 août, contrairement à ce qu'avait affirmé la commission formée pour la circonstance sous la houlette du ministère des Affaires religieuses. «Les officiels (algériens ndlr) ont fait célébrer l'Aïd el-fitr aux citoyens sur la base proclamée haut et fort de «l'observation» d'un croissant qui n'était pas dans le ciel», déclarent ces scientifiques dans leur lettre ouverte parvenue à notre rédaction. «Comment une institution de l'Etat se permet-elle de faire fi des données certaines et établies par une autre instance de l'Etat, le Craag (pourtant représenté dans le Comité des croissants) qui est la même instance qui fournit les horaires des prières durant toute l'année au ministère et au peuple ?», s'interrogent ces scientifiques. Insistant sur le fait que l'anomalie qu'ils dénoncent va au-delà de savoir si l'Aïd devait être célébré mardi ou mercredi, ces scientifiques citent le cas de l'Arabie saoudite qui a célébré l'Aïd mardi, également sans avoir observé le Croissant lunaire, mais qui a eu en revanche assez de respect pour ses citoyens pour ne pas inventer un Croissant imaginaire mais empruntant une autre voie pour expliquer le choix de la date. D'autres pays arabes l'ont suivi pour diverses raisons. Seule l'Algérie a commis cette «faute grave» en assumant un croissant pourtant invisible. Une situation, selon eux, inédite car l'Algérie «est le seul pays musulman à avoir commis une telle offense cette année et de manière publique, insultant la science et l'intelligence du peuple», ajoutent-ils dans la lettre après avoir qualifié cet acte «d'une situation incroyable que jamais nous ne pensions voir se dérouler en Algérie du XXIe siècle». C'est un «affront à la science et à la raison», jugent ces scientifiques qui réclament en outre une commission d'enquête pour déterminer les responsables de cette «faute grave» commise à l'égard du peuple algérien qui a été le «dindon de la farce» dans cette histoire. «Si les experts qui se sont prononcés à l'unisson avec le Craag sur l'invisibilité du Croissant avaient tort, ils doivent être proprement censurés et sanctionnés ; si leur science n'est pas fiable, que cela soit proclamé et que les lieux où ces observations miracles se font deviennent des hauts lieux de pèlerinage et que les universités et les centres de recherche soient fermés», ironisent ces scientifiques.