Un appel a été lancé hier pour l'organisation d'une grève générale et d'une marche de protestation à la suite du décès, dimanche, d'une citoyenne tuée par un militaire. Une partie de la population veut également la délocalisation de la caserne de l'ANP. A l'issue de cette réunion, qui s'est achevée vers 21 heures, les membres de la cellule de crise installée après le drame, ont décidé d'organiser une marche populaire et d'observer une grève générale demain, jeudi, pour exiger le départ immédiat et inconditionnel des forces spéciales de l'ANP de la caserne installée dans la ville. Cependant, cette exigence n'est pas partagée par tous. Une partie de la population consciente de la recrudescence du terrorisme, se contente de demander la délocalisation de la caserne pour l'éloigner des habitations. La coordination a également décidé de charger une délégation de prendre attache avec le wali de Tizi Ouzou, afin, d'exiger que «toute la lumière soit faite sur cet incident gravissime et que ses auteurs soient condamnés». Pour sa part, la famille de la défunte a appelé, hier, la population locale à rester calme et à garder son sang-froid, en évitant de répondre à des appels prônant la violence et la destruction des biens de la collectivité. «La meilleure manière d'aider notre famille et la commune de Fréha est de rester calme, en privilégiant la voie pacifique pour exiger que toute la lumière soit faite sur cette affaire», a lancé le frère du mari de la victime à l'adresse d'un groupe de jeunes appelant à la marche et à la coupure de routes. Prenant la parole devant une foule nombreuse massée au niveau du carrefour du centre-ville, près de la mosquée de la ville de Fréha, cet homme a ajouté que «la famille de Zohra, que Dieu ait son âme, se démarque de toute action de violence et de destruction, et qu'elle ne saurait cautionner de tels agissements, car n'honorant pas la mémoire de la victime et ne rendant nullement service à la région qui a besoin de calme». Appuyant cet appel à la sagesse, un membre de la coordination des comités de villages de Fréha, au nombre de 32, a exhorté l'assistance à faire montre de vigilance et à «ne pas suivre les appels au désordre émanant de personnes étrangères à la région». La marche prévue hier n'a pas eu lieu en l'absence de la famille de la victime qui craignait un débordement à cause du manque d'organisation. Toutefois, les commerçants ont baissé rideau tôt le matin, la principale route a été fermée par des jeunes en colère et des pneus ont été brûlés mais il n'y a pas eu d'incidents majeurs. Dimanche, vers 22h, une femme âgée de 55 ans, Zahia Kaci née Ibsaïne, était de retour avec deux compagnes d'une veillée funèbre, en empruntant un chemin à proximité de la caserne de l'ANP sise à la périphérie de la ville, quand elles ont été prises pour cible par les militaires «les prenant pour des terroristes». Zahia Kaci est décédée sur le coup. S. L.