Adultes avant... l'âge ! Exploitation n De nombreux enfants en Algérie sont obligés de travailler pour se prendre en charge ou aider leurs familles, certains ont dû quitter l'école pour rejoindre précocement le monde du travail. Qui n'a pas rencontré dans son quotidien des enfants installés sur le bas-côté d'une autoroute, sur une plage, dans un marché et ou un autre endroit, en train de vendre des galettes, des m'hajeb, des beignets, des cigarettes et même des produits agricoles. Ces petits anges sont souvent poussés par la pauvreté et le besoin de pratiquer une activité souvent au-delà de leur force physique et au détriment de leurs études, de leur santé et de leur développement mental. Et des enfants risquent même tous les jours leur vie pour survivre. Souvent mal habillés, ces chérubins attendent impatiemment de finir de vendre leurs galettes (pain traditionnel fait maison) préparées par leurs mères ou sœurs et exposées dans des paniers. Ainsi des dizaines de petits garçons et même de petites filles, entre 8 et 12 ans, sont obligés tous les jours d'abandonner leur cartable et de s'en aller avec leur panier rempli de galettes, m'hajeb, beignets... pour les vendre et assurer un minimum de revenus à leur famille. Trop tôt contraints à se départir de cette innocence et insouciance qui caractérisent tant l'enfant, ils apprennent les rudiments du commerce informel pour aider leurs parents pauvres ou subvenir aux besoins de leurs frères et sœurs plus jeunes... Chacun parmi ces petits anges a sa propre histoire. Comme chaque année, la période estivale est la saison tant attendue par de nombreux enfants. Il ne s'agit pas d'une période de détente et de vacances, mais il est question plutôt d'améliorer leurs gains en vendant leurs «marchandises» préparées à la maison. La clientèle ne se bouscule pas toujours pour leur acheter leurs produits. Les observateurs attestent que la plupart de ces enfants sont issus de familles vivant dans la misère en Algérie. «Ces familles font partie d'une classe sociale défavorisée qui souffre d'une pauvreté accablante, et où les enfants sont dans l'obligation de quitter l'école dès leur plus jeune âge pour affronter un monde totalement différent et plein de dangers. Ainsi subissent-ils, inexorablement, la pression d'un univers nouveau où ils doivent affronter les adultes, les concurrents, les délinquants sans y avoir été vraiment préparés. Interrogé sur le cas de ces enfants, le secrétaire général du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M. Khiat a indiqué que dans ces cas-là on peut parler de relation de travail entre employeur et employé. «Cette question mérite d'être posée en présence des familles, car elle a un aspect qui n'a absolument rien à voir avec la réglementation du travail.» Sur un autre plan, des départements ministériels prennent en charge la protection sociale et la famille et interviennent soit à titre individuel direct au moyen de leurs attributions, soit également dans le cadre de la commission intersectorielle de prévention contre le travail des enfants. Madjid Dahoumane