Karim Djoudi reconnaît qu'une telle rémunération ne peut permettre aux travailleurs de mener une vie décente. «Il est évident qu'un salaire de 18 000 dinars n'est pas suffisant», a-t-il affirmé, rappelant les mesures prises par l'Etat pour soutenir le pouvoir d'achat, notamment les prix des produits de première nécessité. Les conclusions de la dernière tripartite n'ont pas été du goût de l'écrasante partie des travailleurs qui souhaitaient une augmentation considérable de leur rémunération. Une hausse de 3 000 dinars ne leur permet pas, en effet, d'améliorer leurs conditions de vie. Et les hauts responsables de l'Etat sont conscients de cette réalité. Ce matin, c'est le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui l'a avoué. «Il est évident qu'un salaire de 18 000 dinars n'est pas suffisant», a-t-il affirmé sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale. Toutefois, le ministre a expliqué que la question du pouvoir n'est pas seulement liée au salaire minimum national garanti (Snmg). «Le pouvoir d'achat n'est pas uniquement le Snmg, mais c'est d'abord un travail et de garder ce travail. Il faut axer les efforts sur la création d'emplois et de maintenir ces emplois. Il y a aussi l'effort de l'Etat qui se fait en matière de soutien des prix des produits de première nécessité, du logement, de l'électricité, de l'essence, etc. Tout cela joue sur le pouvoir d'achat, car les prix payés par les citoyens ne sont pas les prix réels», a-t-il indiqué. Interrogés sur une probable hausse de l'inflation qui pourrait «éponger» l'augmentation du Snmg, M. Djoudi a écarté cette éventualité. «Je pense que l'augmentation du Snmg n'aura pas d'impact en termes de pression de la demande pour renforcer le processus inflationniste», a-t-il dit, expliquant que lorsqu'on augmente les salaires à travers le monde, il y a une hausse de l'inflation, car lorsque la demande se pose sur le marché les prix augmentent. Le ministre a cité l'exemple de l'impact des régimes indemnitaires et des statuts particuliers qui ont généré une augmentation de l'importation des véhicules. «Sur les régimes indemnitaires et statuts particuliers qui ont généré en termes de dépenses pour l'Etat de 2 600 milliards de dinars avec le rappel des régimes indemnitaires et statuts particuliers, nous avons une masse, étalée sur trois exercices, de revenus distribués qui ont, à la fois, légèrement joué sur la façon et qui ont surtout joué sur l'augmentation d'importation de produits tels que les véhicules», a-t-il souligné. Concernant la loi de finances 2012, M. Djoudi a indiqué que le budget de fonctionnement connaît une augmentation de 7%. «La dépense de fonctionnement augmente d'abord par les décisions prises en matière d'augmentation des rémunérations des agents économiques, aussi parce que nous soutenons beaucoup de prix. Sur 2012, nous avons uniquement au titre du blé tendre et dur et du lait près de 110 milliards de dinars qui sont inscrits. Aussi en 2012, plus de 800 établissements qu'il faudra doter de moyens de fonctionnement, vont être réceptionnés», a-t-il expliqué. Le budget d'équipement n'a pas été augmenté car, a-t-il expliqué, les projets du plan quinquennal 2010-2014 avancent et il n'y a pas réellement nécessité. Aussi, dans le cadre de la même loi de finances, une enveloppe de 1 300 milliards de dinars sera allouée aux dépenses sociales et de solidarité nationale. Entreprises : 80 milliards de dinars de dettes effacées L'annulation des dettes constitue l'une des mesures prises dans le cadre du soutien de l'Etat aux entreprises en difficulté financière. Le montant des dettes qui seront effacées, est estimé à 80 milliards de dinars, a indiqué, ce matin, le ministre des Finances, Karim Djoudi, ajoutant que les procédures de traitement ont déjà été entamées par les banques. «Il s'agit d'intérêts qui sont dus et qui ne sont pas remboursés. Ils sont abandonnés par les banques. Pour chaque dossier, la banque discute avec son partenaire pour comprendre qu'il s'agit de donner à l'entreprise une nouvelle chance avec le soutien de l'Etat et de la banque pour qu'elle puisse redémarrer, générer de la richesse, apporter les remboursements nécessaires à la banque et créer des emplois», a indiqué le ministre. Outre l'effacement des dettes, 200 milliards de dinars de dettes sont concernés par les opérations de rééchelonnement qui concerneront les entreprises déstructurées, a-t-il ajouté. Par ailleurs, les entreprises en situation financière convenable «vont bénéficier d'un soutien en matière d'investissement avec une bonification et un différé de paiement».