Résumé de la 116e partie n Poirot explique que Miss Howard est la complice de Mr Inglethorp... C'était très facile pour elle. Elle est assez grande ; sa voix est profonde et virile, de plus n'oubliez pas qu'Inglethorp et elle sont cousins et qu'ils se ressemblent très nettement, surtout dans leur allure. C'était la simplicité même ! Ah ! c'est un couple rudement fort ! — Je ne saisis pas encore très bien comment opéra le bromure. — Allons ! Je vais essayer de reconstruire l'affaire. Je suis porté à croire que Miss Howard fut l'instigatrice du crime. Vous vous rappelez qu'elle nous dit un jour que son père avait été médecin ? Peut-être préparait-elle ses remèdes pour lui ? ou bien prit-elle l'idée dans un des nombreux livres qui traînaient dans la maison pendant que Miss Cynthia potassait son examen ? Toujours est-il qu'elle savait que l'addition d'un bromure à un mélange contenant de la strychnine précipiterait le poison. Sans doute, l'idée lui vint-elle tout à coup. Mrs Inglethorp avait une boîte de poudre de bromure, qu'elle prenait de temps à autre la nuit. Il était facile de dissoudre une ou plusieurs de ces doses dans la fiole du tonique un moment où le pharmacien la livrait. Le risque était pratiquement nul. La tragédie n'aurait lieu qu'une quinzaine de jours plus tard. Si, par hasard, quelqu'un l'avait vue toucher au médicament, on l'aurait oublié d'ici là ! Miss Howard aurait manigancé sa querelle et aurait quitté Styles. Le laps de temps et son absence déjoueraient tous les soupçons. Oui, c'était fort bien combiné. Et les deux complices ne s'étaient pas avisés d'apporter des retouches à cette ingénieuse idée, il est possible que le crime ne leur eût jamais été imputé. Mais ils ne furent pas satisfaits. Ils voulurent être trop forts, et ce fut leur perte ! Poirot tira une bouffée de sa petite cigarette, et puis il dit, les yeux fixés au plafond : — Ils tracèrent un plan pour rejeter les soupçons sur John Cavendish, en achetant de la strychnine chez le pharmacien du village, et en imitant son écriture. «Mrs Inglethorp devait prendre la dernière dose de son remède lundi. Donc, le lundi, Alfred Inglethorp s'arrange pour être vu par plusieurs personnes à un endroit fort éloigné du village. Auparavant, Miss Howard a inventé une histoire invraisemblable sur lui et Mrs Raikes, pour expliquer le silence qu'il se propose d'observer ensuite. A six heures, Miss Howard, sous l'aspect d'Alfred Inglethorp, entre chez le pharmacien, raconte son histoire de chien à tuer, y obtient la strychnine et signe sur le registre au nom d'Alfred Inglethorp en imitant l'écriture de John, qu'elle avait étudiée avec soin. Mais comme il ne faut pas que John puisse également produire un alibi, elle lui écrivit un mot anonyme, en contrefaisant toujours son écriture, et, de ce fait, il se rend à un endroit très solitaire et éloigné où il a peu chances de rencontrer qui que ce soit. «Jusqu'ici, tout va bien, Miss Howard retourne à Middlingham. Alfred Inglethorp rentre à Styles. Il n'y a rien qui puisse le compromettre, puisque c'est Miss Howard qui a la strychnine, laquelle, après tout, doit servir uniquement de prétexte pour jeter les soupçons sur John Cavendish. (A suivre...)